L’action communautaire : quelle autonomie ? Pour qui ?

Année : 2015

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

GAUDREAU LOUIS (Canada) – gaudreau.louis@uqam.ca
CAMPEAU Audréanne (Canada) – campeau.audreanne@gmail.com
PARAZELLI Michel (Canada) – parazelli.michel@uqam.ca

Résumé :

La communication présentera une recherche-action en cours, réalisée en partenariat avec des intervenants sociaux, sur les différentes conceptions de l’autonomie portées par les groupes d’action communautaire au Québec.
L’autonomie est depuis longtemps une revendication du mouvement communautaire québécois. Cette demande peut prendre deux formes qui sont intrinsèquement liées : les organismes la réclament pour leur gestion interne ainsi que pour les destinataires de leur intervention. Toutefois, un certain flou entoure la réception que la visée d’autonomie trouve auprès de ces organisations, particulièrement en ce qui concerne la forme qu’elle pourrait ou devrait prendre. Cette imprécision tient au fait que l’adhésion large que suscite la revendication d’autonomie dissimule une pluralité de représentations et de pratiques ne poursuivant pas les mêmes finalités. D’une part, le rapport des organismes au projet d’autonomie a évolué avec le temps. Si les décennies 1960 et 1970 ont été marquées par l’émergence de groupes populaires engagés politiquement et soucieux d’aménager des espaces de délibération démocratique, on observe, depuis les années 1980, une ouverture plus grande du secteur communautaire au partenariat avec l’État et avec des acteurs privés qui a introduit de nouvelles manières d’entrevoir l’autonomie (Laforest et Phillips, 2001, Depelteau, 2013). D’autre part, la diversité des pratiques se réclamant de l’autonomie trouve son origine dans les multiples significations que recouvre ce concept. Par exemple, celui-ci peut être compris comme un désir de libération face à toute forme de dépendance ou encore, conformément à l’idéologie néolibérale, comme un appel à la responsabilisation des individus (Hache, 2007). L’autonomie peut également être conçue de manière relative aux limites qu’impose l’inscription de toute action dans un univers normatif et, par conséquent, comme un projet visant l’élaboration de nouvelles normes sociales pouvant donner naissance à de nouvelles capacités d’action (Fontaine, 2013; McAll, 2009). Nous avons choisi d’analyser la manière dont les acteurs communautaires construisent ces différentes représentations de l’autonomie dans leurs interactions et pratiques quotidiennes (Ricard, 2010; Nemer, 2013).
La recherche vise à développer et documenter, avec des groupes appartenant à différentes tendances, l’analyse des significations que l’on donne à la revendication d’autonomie dans le mouvement communautaire québécois, particulièrement à celle que l’on souhaite voir émerger chez les destinataires de l’intervention. La première étape de la recherche a consisté à dresser un portrait des différentes postures à l’égard de l’autonomie que l’on rencontre au sein de ce secteur d’activité. Cet exercice a permis aux chercheurs et organismes participant à la démarche de schématiser l’éventail des points de vue sur la question sous la forme de trois constructions idéaltypiques représentant trois manières possibles de concevoir le projet d’autonomie des groupes communautaires. Depuis le début de la seconde phase de la recherche, les trois idéaux-types servent de guide pour l’animation de groupes de discussion réunissant des intervenants et des destinataires issus de divers organismes. Cette démarche a pour objectif de produire de nouvelles connaissances sur l’autonomie communautaire et de participer au renouvellement du débat sur ce thème d’une manière qui soit profitable aussi bien aux praticiens et formateurs en action communautaire qu’aux destinataires de cette intervention.
La communication comportera trois parties. La première présentera l’évolution de la revendication d’autonomie dans le mouvement communautaire québécois. La seconde exposera la démarche de recherche-action en cours. La troisième fera état des résultats préliminaires qui se dégagent des entrevues de groupe réalisées à ce jour.

Mots clés :

Autonomie, Action communautaire, Recherche-action

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