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L’initiation à la recherche comme outil de professionnalisation

Année : 2015

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

JURISCH PRAZ Sarah (Suisse) – sarah.jurisch@hevs.ch

Résumé :

Comment préparer les futur•e•s professionnel•le•s à s’engager, à se positionner, à ne pas être « de simples exécutant•e•s de prescriptions institutionnelles » ? Cette question, posée par l’AIFRIS, est au cœur de ma pratique d’enseignante de méthodologie de recherche et de directrice de travaux de bachelor dans une Haute Ecole de Travail Social.
La formation de base vise à faire de nos étudiant•e•s des professionnel•le•s du travail social, que ce soit en animation socioculturelle, éducation sociale ou service social. Dans le cadre du cursus, les étudiant•e•s en travail social doivent effectuer une recherche à caractère scientifique. Or, bien souvent, cet impératif leur paraît bien éloigné de la pratique professionnelle et le sens de cette démarche semble difficile à saisir. Soulignons à ce propos qu’il leur est demandé de réfléchir sur une problématique rencontrée dans le cadre de leur pratique professionnelle, qui à ce stade de leur parcours d’études, se réduit bien souvent à un stage probatoire préalable à leur entrée en Haute Ecole Spécialisée (HES) et à une première période de formation pratique.
La qualité scientifique des recherches produites par le travail social fait débat (Gaspar & Foucart, 2012), et ce selon deux axes principaux : premièrement la question de la scientificité du travail social elle-même ; deuxièmement la question des outils et méthodes du travail social. Ainsi, s’il est communément admis que le travail social n’est pas une discipline, mais qu’il a recours à d’autres disciplines comme la sociologie, la psychologie, le droit, etc., la question du travail social comme science est moins tranchée (Verba, 2012). En outre, la critique qui est faite aux travaux de recherche en travail social repose fréquemment sur un manque de rigueur, un manque de distance, une difficulté à généraliser les résultats obtenus.
Au-delà de ces critiques, la réflexion de Rullac (2011) quant à la nature de la recherche menée en fonction des finalités poursuivies ouvre un champ de possibles dans le cadre de la formation. Plutôt que de s’enfermer dans un débat stérile sur la scientificité du travail social, il s’agit de préciser quelles finalités la recherche en travail social poursuit. Dans cette perspective, l’initiation à la recherche, dans laquelle les étudiant•e•s en travail social s’inscrivent (puisque c’est bien de cela qu’il s’agit dans une formation de base) représente à mon sens une véritable opportunité de professionnalisation pour les étudiant•e•s mêmes, futur•e•s travailleurs et travailleuses sociales, mais aussi pour le travail social de manière générale. En effet, la professionnalisation se déploie aussi bien au niveau individuel que social, voire sociétal. Elle permet de légitimer le travail social comme une profession à part entière, visible par la constitution d’un groupe professionnel reconnu, recourant à des savoirs théoriques et empiriques qui lui sont propres.
A travers mon expérience de directrice de travaux de bachelor et d’enseignante, je montrerai en quoi l’accompagnement au cours de leur travail de bachelor pousse les étudiant•e•s à développer leurs questionnements, et les encourage à dépasser le prescrit (qu’il soit scolaire ou institutionnel) pour atteindre une posture réflexive, constitutive du travail social. Je présenterai le rôle essentiel de la formation et de la posture de l’enseignant•e dans la constitution d’une certaine professionnalité, qui tienne compte à la fois de l’histoire du métier mais aussi des perspectives de la profession.

Mots clés :

Professionnalisation, Formation, Compétence

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