Le soutien à domicile dans le champ d’intervention du handicap : convergences et différences entre la France et le Québec
Année : 2015
Thème : (Soumis à l'Axe 1 du Congrès)
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
DUMAIS Lucie (Canada) – dumais.lucie@uqam.ca
GRAND David (France) – grand.david@ireis.org
Résumé :
Notre proposition de communication vise à présenter les résultats préliminaires d’une recherche fondée sur sur quatre missions d’enquêtes en 2013 et 2014 autour des services à domicile (SAD) pour les personnes âgées et les personnes handicapées en France et au Québec. Utilisant une méthode qualitative avec observations directes et entrevues, une cinquantaine de personnes ont été rencontrées autour d’une quinzaine de situations de soutien à domicile, dans les régions Rhônes-Alpes et de Montréal. Trois dimensions d’analyse furent suivies : les dispositifs de SAD (politiques et organisations), la professionnalité des interventions (compétences implicites et explicites) et les effets sur les publics.
Dans le champ du handicap, seul considéré ici, le Québec et la France ont mis en place des politiques du handicap qui convergent depuis 30 ans. L’internationalisation des mouvements sociaux de personnes handicapées et leurs appels répétés pour du soutien à la vie autonome et l’inclusion sociale se sont traduits par une Convention internationale à l’ONU et par des politiques convergentes dans les pays signataires. Mais les dispositifs en France et au Québec sont aussi marqués par l’histoire et les vecteurs institutionnels dans ces pays. Quelles divergences ou autres convergences pouvons-nous mettre en évidence ?
Les associations à but non lucratif et le bénévolat jouent un rôle des plus importants en France, pour des raisons historiques, notamment avec les Associations de service à domicile (ADMR). Par comparaison, le Québec a étatisé et jumelé les affaires sociales et de santé dans un réseau public d’établissements (Centre local de services communautaires (CLSC) qui est au cœur du dispositif, complété par un tiers secteur d’organismes du milieu, dits « communautaires » où les personnels sont rémunérés. Mais entre les deux pays, la gestion des budgets, du personnel et de la formation diffèrent. Sur des enjeux d’efficience (par ex. minutage des activités), de stabilité du personnel et de formation spécialisée (par ex. maladie d’Alzheimer), le Québec s’est mis à l’optimisation de manière forte et la gestion du sanitaire est prégnante dans les CLSC de Montreal. Ces modes organisationnels n’ont pas autant rattrapé les dispositifs français en Rhône Alpes : ADMR, SAVS (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale) et SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés) en Rhône-Alpes.
La cohabitation entre deux styles d’intervention à domicile, la prise en charge d’un côté (« faire à la place de ») et le soutien à l’autonomie et au pouvoir d’agir de l’autre (« faire avec »), se déploie sur les deux territoires. Elle agit tant au niveau des discours issus de politiques, que sur le terrain des intervenants qui modulent, jaugent leurs actions à domicile en conséquence. Quand cette cohabitation prend l’allure de grandes tensions, les trucs du métier, l’expérience ou l’intuition personnelle sont mobilisés pour adapter à des contextes singuliers le protocole d’intervention. De nos enquêtes de terrain, il ressort aussi que le statut socio-économique de la personne handicapée, la qualité de son réseau familial et son type d’incapacité ont un effet sur la relation avec l’intervenant. Dans ces cas, l’intervenant est appelé à agir soit comme un excellent exécutant, soit comme un accompagnateur de confiance, ou encore à « faire à la place de » quand il est nécessaire.
Le soutien aux personnes peut se faire dans divers espaces. L’intervenant se rend d’abord dans la maison, parfois au plus près de l’intimité. Le SAD se fait aussi dans un bureau et là où l’accompagnement est nécessaire (p.ex. chez le médecin, dans une agence administrative). Des différences ont été observées entre le Québec et la France, où l’accompagnement « hors des murs » des associations est plus souple que dans l’établissement public. Ces premiers éléments comparatifs seront complétés par d’autres éléments de l’analyse de nos données, actuellement en cours.
Mots clés :
Service de proximité, Politique sociale, Tiers secteur, Soutien à domicile
France-Québec
Handicap
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