Les acteurs de l’insertion : professionnalisation d’hier et d’aujourd’hui
Année : 2015
Thème : Proposition retravaillée
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
PERROT Amina (France) – amina.perrot@orange.fr
Résumé :
Il y a 15 ans, je rédigeais un article pour la revue Education Permanente » portant sur la professionnalisation des acteurs de l’insertion.
Mon propos portait sur l’importance qu’il y avait à ce que les professionnels accompagnant les personnes en situation de grande précarité puissent se professionnaliser, c'est-à-dire se construire une culture commune qui trouverait à s’exprimer au travers d’une qualification. Il s’agissait alors plus spécifiquement des formations de Conseiller en Insertion Professionnelle.
Dans la relation aux employeurs de ces conseillers, une des difficultés tenait à ce que la durée de formation était estimée trop conséquente, et que certaines activités n’étaient pas partout jugées nécessaires pour que le Conseiller puisse faire correctement un travail de plus en plus taylorisé. La polyvalence que la formation autorisait, est mise à mal par des logiques catégorielles et statutaires plus soucieuses de questions salariales que de questions qualitatives dans la conduite des missions.
Au fil du temps, cette formation s’est pour partie « décomposée » au sens littéral du terme, et employeurs et salariés ont jugé suffisant de n’en appréhender que des « morceaux », c'est-à-dire des modules, voire des sous modules.
Depuis le contexte a évolué, tant dans le paysage institutionnel que dans la situation socioéconomique. Les conditions d’insertion se dégradent, la précarisation du travail prend des proportions dramatiques. Ainsi, 86% des recrutements sont des contrats de travail à durée déterminée et plus de la moitié de ces contrats sont d’une durée de 10 jours ou moins. Cette précarisation du travail impacte sur toutes les sphères de la vie des personnes et interdit toute projection dans l’avenir. On peut supposer que les pratiques des conseillers évoluent parallèlement à la dégradation des formes d’emploi et de la relation à l’emploi. Par le passé, les conseillers accompagnaient les personnes dans un parcours et dans une trajectoire vers une insertion plus stabilisée et aujourd’hui ils s’inscrivent probablement dans des accompagnements dont les finalités sont de plus en plus inatteignables, voire illusoires. De plus, l’injonction des financeurs, les logiciels de gestion des parcours des personnes, conduisent à des traitements quantitatifs renforçant davantage une posture de prescripteur que d’accompagnateur. Comment s’arrangent-ils de toutes ces contraintes et contradictions auxquelles ils doivent faire face ?
La loi sur la formation professionnelle instituant le Compte Personnel de Formation est susceptible de refondre les missions de nombre de conseillers, de transformer des postures dans la relation au public d’autant que ce sont les structures « classiques » de l’accompagnement, Mission Locale, Pole Emploi, APEC, ..., qui auront la charge de réaliser cet appui.
Il est ainsi notable que se développe une relative défiance avec la notion de « prescription » qui se renforce, sans doute sous le coup d’une volonté accrue et pour le moins ambivalente de responsabilisation de la personne dans ses choix. A la prescription du conseiller se substitue alors une forme « d’auto-prescription », supposée rendre la personne « actrice de son parcours » et d’intérioriser des règles de conduites. C’est une liberté restreinte car la personne n’a pas de droit optionnel sur le périmètre de ses choix. Les listes de formation éligibles sont préétablies, et doivent répondre à des besoins de qualifications repérées et dites « en tension ».
Il me semble intéressant d’analyser ces évolutions et de relever les limites dans le processus de professionnalisation des acteurs de l’insertion. L’intervention rendra compte à partir d’éléments de contextualisation, d’une analyse conduite à partir d’une dizaine d’entretiens semi-directifs avec des professionnels de l’insertion.
Il s’agira de restituer des résultats croisant identité professionnelle, contenu du travail et institutions d’appartenance.
Mots clés :
Insertion, Formation, Compétence
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