La pratique professionnelle du travailleur social en Centre de santé et de services sociaux : entre logique thérapeutique et logique d’accompagnement.
Année : 2015
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
CHOUINARD Isabelle (Canada) – isabelle.chouinard3@uqat.ca
Résumé :
Face aux nouvelles exigences découlant de la rationalisation de l’État québécois, des diverses réformes sociosanitaires publiques inspirées des modes de gestion du secteur privé, de l’adoption de dispositions législatives visant la redéfinition du champ d’exercice professionnel de différents métiers relationnels, l’efficacité des interventions conduites par les professionnels de ces métiers se voit de plus en plus mesurée et leur spécificité subit de fortes pressions à être énoncée.
Ces défis sont d’autant plus importants lorsqu’il s’agit de métiers relationnels. En réalité, l’importance de la dimension relationnelle, pour le travail social, va bien au-delà de la seule facilitation de l’intervention : elle constitue le cœur de sa professionnalité. Pourtant, si elle sert de levier à la prestation d’un service social, la nature même de la relation et des processus qu’elle implique ne s’appréhendent pas si facilement en termes concrets. La logique du travail social se déploie à l’encontre des exigences de rationalité actuelles.
C’est ce double contexte où les modifications apportées au monde du travail, appuyées par une vague néolibérale, commandent l’évaluation rationnelle des productions des professions, et où la composante relationnelle de celles-ci rend ardue l’expression concrète de leurs spécificités professionnelles, qui a constitué la problématique sous-tendant une recherche conduite par des membres de l’Équipe de recherche et d’analyse des pratiques professionnelles (ERAPP). Quelle est la fonction de cette dimension relationnelle ? En quoi contribue-t-elle à l’efficacité de l’intervention ? Quelles sont ses caractéristiques ? C’est à ce type d’interrogations que cette étude a cherché à apporter des éléments de réponse.
Cette communication vise à présenter les résultats de cette étude qualitative à visée descriptive et exploratoire ayant analysé la pratique professionnelle de travailleurs sociaux (TS) œuvrant en Centres de santé et de services sociaux (CSSS) au Québec. Deux volets de cette pratique ont constitué le corpus des données : des entrevues individuelles conduites par des TS auprès d’usagers ayant effectué un suivi psychosocial au sein d’un CSSS et les notes évolutives consignées aux dossiers par les TS à la suite de ces entrevues. La méthode d’analyse structurale de discours a guidé l’analyse de ces données.
Les résultats font ressortir un écart dans l’intervention sociale telle que réalisée et telle que consignée aux dossiers. Se référant tantôt aux normes sociales tantôt au cadre normatif institutionnel, ses visées oscillent entre la recherche d’une transformation sociale et l’atteinte d’un équilibre fonctionnel chez l’usager. Deux logiques d’intervention sont donc mises en œuvre : une logique thérapeutique dans les notes aux dossiers et une logique d’accompagnement lors des entretiens auprès de l’usager. Dans le cadre de la logique thérapeutique, le TS se positionne comme le spécialiste des problèmes de l’usager. Par la maitrise d’actes cliniques et diagnostiques que lui seul est à même de poser, les symptômes identifiés peuvent enfin être contrôlés, les critères institutionnels d’octroi de services sociaux être rencontrés et son intervention plus facilement évaluée. En situation, il s’agit plutôt d’un travail social fondé sur une logique d’accompagnement de l’usager dans l’instauration d’un registre d’action visant à le rendre autonome dans la prise en charge de ses difficultés. Le TS devient dès lors accompagnateur et guide vers le changement. Si, dans les notes aux dossiers, l’intention est de démontrer sa compétence envers le problème de l’usager, l’idée d’améliorer la situation de l’usager est celle qui prime dans les entrevues.
En réalité, en dépit de l’écart observé et des exigences actuelles pesant sur la profession, les constats dégagés indiquent que le travail social conserve le même mandat : agir sur les rapports des usagers aux normes sociales et sur les conditions de leur exclusion.
Ces défis sont d’autant plus importants lorsqu’il s’agit de métiers relationnels. En réalité, l’importance de la dimension relationnelle, pour le travail social, va bien au-delà de la seule facilitation de l’intervention : elle constitue le cœur de sa professionnalité. Pourtant, si elle sert de levier à la prestation d’un service social, la nature même de la relation et des processus qu’elle implique ne s’appréhendent pas si facilement en termes concrets. La logique du travail social se déploie à l’encontre des exigences de rationalité actuelles.
C’est ce double contexte où les modifications apportées au monde du travail, appuyées par une vague néolibérale, commandent l’évaluation rationnelle des productions des professions, et où la composante relationnelle de celles-ci rend ardue l’expression concrète de leurs spécificités professionnelles, qui a constitué la problématique sous-tendant une recherche conduite par des membres de l’Équipe de recherche et d’analyse des pratiques professionnelles (ERAPP). Quelle est la fonction de cette dimension relationnelle ? En quoi contribue-t-elle à l’efficacité de l’intervention ? Quelles sont ses caractéristiques ? C’est à ce type d’interrogations que cette étude a cherché à apporter des éléments de réponse.
Cette communication vise à présenter les résultats de cette étude qualitative à visée descriptive et exploratoire ayant analysé la pratique professionnelle de travailleurs sociaux (TS) œuvrant en Centres de santé et de services sociaux (CSSS) au Québec. Deux volets de cette pratique ont constitué le corpus des données : des entrevues individuelles conduites par des TS auprès d’usagers ayant effectué un suivi psychosocial au sein d’un CSSS et les notes évolutives consignées aux dossiers par les TS à la suite de ces entrevues. La méthode d’analyse structurale de discours a guidé l’analyse de ces données.
Les résultats font ressortir un écart dans l’intervention sociale telle que réalisée et telle que consignée aux dossiers. Se référant tantôt aux normes sociales tantôt au cadre normatif institutionnel, ses visées oscillent entre la recherche d’une transformation sociale et l’atteinte d’un équilibre fonctionnel chez l’usager. Deux logiques d’intervention sont donc mises en œuvre : une logique thérapeutique dans les notes aux dossiers et une logique d’accompagnement lors des entretiens auprès de l’usager. Dans le cadre de la logique thérapeutique, le TS se positionne comme le spécialiste des problèmes de l’usager. Par la maitrise d’actes cliniques et diagnostiques que lui seul est à même de poser, les symptômes identifiés peuvent enfin être contrôlés, les critères institutionnels d’octroi de services sociaux être rencontrés et son intervention plus facilement évaluée. En situation, il s’agit plutôt d’un travail social fondé sur une logique d’accompagnement de l’usager dans l’instauration d’un registre d’action visant à le rendre autonome dans la prise en charge de ses difficultés. Le TS devient dès lors accompagnateur et guide vers le changement. Si, dans les notes aux dossiers, l’intention est de démontrer sa compétence envers le problème de l’usager, l’idée d’améliorer la situation de l’usager est celle qui prime dans les entrevues.
En réalité, en dépit de l’écart observé et des exigences actuelles pesant sur la profession, les constats dégagés indiquent que le travail social conserve le même mandat : agir sur les rapports des usagers aux normes sociales et sur les conditions de leur exclusion.
Mots clés :
Intervention sociale et travail social, Professionnalisation, Analyse de discours
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