La circulation marchande des enfants et l’intervention sociale : éclairages, et balises

Année : 2015

Thème :

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

OUENSAVI Roger (Bénin) – ouenro2006@yahoo.fr

Résumé :

Dans leurs évolutions plurielles à l’épreuve des différentes crises, les modèles familiaux convergent vers les familles de types monoparentales. L’économie paysanne en constante désarticulation pousse les enfants, les jeunes ruraux, les familles entières à de nouvelles formes de migrations internes de longue durée. Les agglomérations urbaines sont devenues les réceptacles de réseaux familiaux résidentiels disséminés dans les marchés urbains, les grandes surfaces commerciales, les ghettos, les rues, les gares, packs de regroupement de voitures et les quartiers périphériques disposant d’habitats spontanés. Les charges financières liées à a vie en ville (loyer, charges et services) obligent les nouveaux venus en ville à résider sur leurs d’activités improvisées, informelles. Le marché n’est plus seulement le lieu de l’offre et de la demande, mais plutôt un nouveau « champ de socialisation » symbolique à dominante économique de longue durée. Plus de 80% des collectifs vulnérables que sont les enfants et femmes vivant en milieu rural et urbain en Afrique au sud du Sahara ont transformé les marchés en zones résidentielles abritant des réseaux familiaux marchands. Ils sont souvent engagés dans des mouvements migratoires épandant sur leurs itinéraires toutes formes de dérives sociales (exploitation économique, sexuelle, traite, trafic d’être humain, criminalité organisée, trafic de stupéfiants et substances psychotropes, automédication, pornographie impliquant les enfants mineurs, tourisme sexuel…). La décomposition /recomposition de l’économie paysanne basée sur l’agriculture familiale de subsistance et de rente au prise avec la mondialisation, l’apparition de l’économie informelle, contribuent augmenter de façon spectaculaire la précarité des populations rurales. Ainsi, en panne d’alternatives, les paysans ne respectent plus les méthodes culturales et peinent à s’adapter aux changements climatiques. Toutes les solidarités traditionnelles non marchandes autrefois sont devenues marchandes. Socialement économiquement fragilisées, les populations paysannes optent pour la perpétuation de leur communauté d’origine (polygamie, lévirat, non respect des méthodes de planification des naissances , les dépenses de prestiges lors des décès, rituels, cultes….). Au niveau macro, les pouvoirs publics, sous l’emprise de la dette, des mesures d’ajustement structurel n’arrivent plus à contenir les demandes de leurs populations en éducation, de santé, d’emploi, de logement. Les diagnostics sociaux sont très souvent mal posés, conduits sans une méthodologie pertinente excluant les acteurs concernés. L’intervention sociale se réduit à la somme de micro interventions complexes s’attaquant aux aspects superficiels des problèmes(les conséquences) laissant les causes occultant l’approche holistique. Les entités susceptibles d’apporter des éclairages dans ce sens sommeillent dans une léthargie profonde qui convient de réveiller. Dans les universités publiques, la recherche est reléguée aux oubliettes au profit de la politique, des postes politiques. Les universités privées trop mercantiles déversent chaque année des chômeurs sur le marché de l’emploi après avoir dépouillé financièrement les parents. Aucune prospection pertinente ne se fait en vue de d’amener les jeunes à s’orienter dans des emplois durables tenant compte à la fois des problèmes émergents, les nouvelles formes de précarité. Dans ce contexte on s’interroge sur les nouvelles orientations de l’intervention sociale dans un pays qui compte moins d’un millier de d’assistants sociaux et assimilés pour une population de 10 millions habitants (1 assistant social pour 10000 habitants). La présente communication a pour ambition d’interroger l’intervention sociale dans ce contexte de crise plurielle qui ne fait qu’accentuer la vulnérabilité des populations.

Mots clés :

Crise urbaine, Secteur informel, Service de proximité, Nouvelles précarités: quelle intervention sociale?

← Retour à la liste des articles