PETILLEON Pascale (France) – pascalepetilleon@yahoo.fr
DELAVAL Dominique (France)

Soumis aux injonctions de rentabilité et d’efficacité de plus en plus pressantes des prescripteurs ; aux contacts directs des laissés pour compte du système sociopolitique et économique, les métiers du soin et du travail social connaissent depuis plusieurs années des évolutions importantes de leurs conditions d’exercice. Les transformations des réglementations sous l’impulsion des nouvelles législations ainsi que les conditions de vie des publics affectés par la montée de la précarité, ont créée de nouveaux contextes qui obligent ces professionnels à repenser les modalités de leurs interventions. Dès lors, un certain nombre d’incertitudes sur les perspectives et le sens de leur travail apparaissent à travers des symptômes tels que le stress ou la souffrance au travail, mais d’où émergent également des formes de résistance et de créativité.
C’est dans ce contexte que nous nous sommes engagés dans une recherche intitulée : Travail, santé et précarité. Interroger l’expérience des usagers et les conditions contemporaines d’exercice des métiers du soin et du travail social en région Nord-Pas de Calais.
Cette recherche s’inscrit dans le cadre du programme Chercheurs Citoyens impulsé par la Région Nord Pas de calais dont les objectifs sont de favoriser l’échange et la coopération entre organismes de recherche et associations, d’accroitre les capacités d’expertise et d’innovation des organisations de la société civile en leur permettant de s’approprier une démarche scientifique sur des sujets pouvant avoir des retombées sociétales fortes, et enfin de partager les fruits de cette démarche participative avec le grand public.
Notre travail a consisté à étudier les phénomènes mentionnés ci-dessus à l’aide d’une approche qualitative basée sur une méthodologie de recueil et d’analyse de l’expression de groupes de professionnels de la santé et du travail social. L’objectif visé étant la construction d’une perception objectivé des situations en confrontant les expériences de chacun et les contextes institutionnels.
Parmi les groupes de professionnels nous avons eu en charge l’animation d’un groupe constitué de travailleurs sociaux élus au Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT). Professionnels dont nous pensons qu’ils sont au coeur de notre problématique « Multiplication des précarités : quelles interventions sociales ? »
Nous avons fait le choix d’inscrire ce travail dans l’axe 1 afin d’appréhender comment les transformations sociétales et organisationnelles pèsent sur les conditions de travail des travailleurs sociaux, nous aurions pu également nous inscrire dans l’axe 2 et mettre en lumière la créativité des pratiques de ces professionnels dans un tel contexte.
Synthétiquement et de façon non exhaustive, les premiers résultats font apparaître une complexité grandissante des situations professionnelles propice à une dégradation des
conditions de travail, ceci d’autant plus que la taille de l’institution augmente. Le coeur du métier (accompagnement, écoute, lien social) semble disparaître sous l’emprise de deux logiques : une logique financière cautionnée par la crise économique et une logique de communication, d’obligation de visibilité, de « publicité » qui pousse à un management qui « fait comme si tout allait bien ». Enfin, une pression de l’urgence qui instaure un rapport au temps focalisé sur la vitesse et la rentabilité à court terme où la question du sens cède la place à celle du comment faire.
Cette contribution se propose de développer et d’analyser les résultats ci-dessus.

Dominique DELAVAL
Pascale PETILLEON

Intervention sociale et travail social, Recherche-action, Quête du sens, condition d'exercice