Quand la « Justice » entre au secondaire… projet de stage amenant l’élève dans un processus de réflexivité le menant au cœur des enjeux de la participation citoyenne.
Année : 2015
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
Beauregard Valéry (Canada) – valbo22@yahoo.fr
Résumé :
De nos jours, la participation citoyenne concernant les grands enjeux sociaux est un défi important (Warin, 2011). En effet, il résulte de la logique marchande des États et de la responsabilisation de l’individu (Soulet, 2005 ; Astier 2013) une augmentation des populations fragilisées et vulnérables. Comme les politiques sociales et la gestion des organisations sont empreintes de violence, il ne faut pas se surprendre que les citoyens utilisent celle-ci à leur tour comme moyen d’expression de la douleur ressentie face aux inégalités subies. Cette réalité passe malheureusement trop souvent sous silence. Il apparaît donc primordial de conscientiser les jeunes à l’importance des enjeux politiques et sociaux puisqu’ils seront les citoyens de demain.
Actuellement, le système de justice, comme la plupart des grandes organisations, tend à homogénéiser le parcours des individus. Cette tendance ne se fait malheureusement pas sans violence puisque les populations vulnérables sont trop souvent surreprésentées dans la clientèle judiciarisée (Brassard, R. & Martel, J. 2009).
Le projet qui vous sera présenté vient d’une initiative collective entre le domaine judiciaire et scolaire. Ainsi, une étudiante de baccalauréat de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue a développé, comme projet de stage, un programme d’intervention visant à conscientiser les élèves de secondaire IV aux enjeux sociaux liés au processus judiciaire. Celui-ci avait pour but de permettre aux élèves de se construire une pensée critique face aux droits, devoirs et responsabilités d’un citoyen. Il avait aussi comme fonction de les projeter dans un avenir où, s’ils intègrent un rôle de citoyens participants, ils pourront être sujets de demain et donc avoir un impact sur les différentes politiques et valeurs sociales véhiculées dans leur propre société. Puisque le «vivre ensemble», les principes de justice et de vie démocratique où les droits fondamentaux sont tous des constructions sociales, des valeurs qui doivent être apprises à travers un processus de socialisation (Potier, 2002), ce projet apparaissait novateur. Celui-ci visait également à amener le jeune à développer sa réflexion, à faire confiance à son rationnel critique, à confronter ses croyances, à remettre en question certaines normes sociales, à articuler ses idées de façon à les rendre tangibles et conséquemment, à prendre position dans un contexte social et ce, tout en faisant abstraction du regard de ses pairs.
Le modèle de développement cognitivo-moral et social de Kohlberg a été préconisé dans cette intervention de groupe puisque nous voulions pousser les jeunes à développer leur jugement moral et critique, les amener à réfléchir sur des dilemmes moraux et les mettre en situation concrète afin qu’ils puissent vivre des positions antagonistes en lien avec une situation réelle. Le programme d’intervention s’échelonnait sur 7 rencontres de groupe. Des forums de discussions, des groupes de travail et des mises en situation ont permis les échanges. Il a donc été possible de vérifier l’évolution de la pensée critique tout au long du programme. De plus, nous avons pu constater l’éclosion de la conscientisation des jeunes faces aux enjeux sociaux et valeurs véhiculées. Ce projet constituait aussi une amorce de la réflexion du jeune quant à l’importance de la participation citoyenne et des initiatives collectives.
Mots clés :
Citoyenneté, Participation, Justice sociale
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