Soigner ses TIC communautaires
Année : 2015
Thème : mythes, enjeux et usages des technologies de l'information et de la communication (TIC) chez les groupes de femmes et familles du Québec
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
JOCHEMS Sylvie (Canada) – jochems.sylvie@uqam.ca
Résumé :
Redoutées, mystifiées, en même temps objets de fascination, les TIC sont devenues incontournables pour les groupes de femmes et familles. En août 2014, 78,2 % des adultes québécois ont utilisé Internet (Cefrio, 2014). En 2014, plus de huit adultes internautes sur dix effectuent au moins une activité sur les réseaux sociaux. Or, contrairement à la grande partie de la population, les groupes de femmes et familles du Québec ont très peu développé les usages des TIC dans leurs pratiques sociales (leurs « praTIC »). De plus, les offres de formation à contenus prédéterminés qui sont adressées à ces organismes communautaires ne répondent pas à leurs besoins d’analyse et de développement de leurs pratiques sociales, services sociaux et ne tiennent pas compte non plus de leurs cultures organisationnelles ni du contexte socio-politique.
Pourtant, le développement des communications (notamment par l’usage des TIC) est un enjeu majeur pour les groupes de femmes et familles qui sont engagés auprès des personnes les plus vulnérables de la société québécoise. En effet, une partie importante de la population ayant des besoins prioritaires n’est pas rejointe et pourrait l’être par ces groupes s’ils développaient leurs usages des TIC. La pertinence de ce projet est d’autant plus forte que, selon le CEFRIO (2012), les femmes créent moins de contenu sur le Web que les hommes et exercent alors moins d’influence sur cet espace public. En janvier 2013, les familles à faible revenu et dont les parents étaient les moins scolarisés sont celles qui utilisent le moins Internet : « Les adultes dont le revenu familial annuel est supérieur à 60 000 $ (89,4 %) sont aussi proportionnellement plus nombreux à utiliser Internet régulièrement ». « De même, on retrouve significativement plus d’internautes réguliers chez les adultes qui ont fait des études collégiales ou universitaires (86,3 %) ». La fracture numérique désigne bien alors ce problème d’exclusion sociale des femmes et des familles à l’ère numérique. Par conséquent, afin d’accompagner ces personnes exclues à mieux prendre une place sur le Web et à faire des usages sociaux et citoyens des TIC de façon autonome, il importait que les organismes communautaires de femmes et familles aient eux-mêmes fait une démarche d’appropriation des TIC, des médias sociaux et des outils Web collaboratifs.
Dans le cadre du congrès de l'AIFRIS 2015, cette communication présente une démarche de formation en 4 temps, réalisée de 2010 à 2014 et ce, dans 7 régions du Québec sur les usages des TIC par des groupes de femmes et familles.
Ici ce projet de formation visait à ce que les membres des groupes puissent davantage s’informer, s’exprimer et discuter de leurs besoins et droits sociaux ainsi que partager leurs savoirs. En effet, les pratiques sociales en milieux communautaires femmes et familles ont encore très peu intégré et développé les usages des TIC dans leurs communications à la fois entre les groupes et la population, et entre les groupes et les regroupements. Aussi, ce projet ne visait pas uniquement un transfert de connaissances techniques, mais bien, et c’est là toute sa pertinence : il alimentait et favorisait une analyse des pratiques sociales sur les TIC qui soit adaptée à la culture et aux besoins des groupes de femmes et de familles monoparentales et recomposées. Les objectifs du projet étaient au nombre de quatre:
1.Partager des connaissances techniques et méthodes sur les praTIC.
2.Développer la capacité d’analyse critique au regard des enjeux que soulèvent les usages des TIC en action communautaire.
3.Faciliter l'appropriation de praTIC collaboratives en contexte communautaire.
4.Assurer la reproductibilité de ces connaissances en renforçant le rôle multiplicateur des participant-e-s dans leurs milieux respectifs.
Enfin, nous prendrons soin, bien sûr, de communiquer ici les retombées de cette démarche de formation qui a pris fin en janvier 2015.
Mots clés :
Action communautaire, Femmes, Action de groupe, Technologies de l'information et de communication / médias sociaux
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