TOURRILHES Catherine (France) – catherine.tourrilhes@orange.fr

L’objet de notre proposition est d’ouvrir, au sein de l’AIFRIS, un espace de réflexion et d’échanges sur la question de l’innovation dans le champ du travail social à partir :
-de pratiques sociales nouvelles et de la place accordée à l’expérience des bénéficiaires : contexte, système d’action, processus, co-construction, coopération, accompagnement,…
-d’expérimentations pédagogiques dans la formation des travailleurs sociaux : alternance, transversalité, méthodes d’apprentissage, situations pédagogiques, formation à la recherche, pratiques réflexives, profils de formateur,…
-de recherches spécifiques au travail social : construction des objets de recherche, méthodologies, posture du chercheur, finalité, publication, diffusion et traduction.
L’articulation entre ces différentes dimensions du travail social est particulièrement interrogée.
Souvent critiqué pour sa participation au contrôle social, le travail social est aussi facteur d’innovation participant à l’amélioration et à la transformation des situations de ses bénéficiaires. Dans le processus d’innovation sociale, il y a incertitude et risque mais aussi implication dans une action collective qui prend en compte les points de vue de chacun pour co-construire des projets en adéquation avec les besoins sociaux.
Nous sommes dans un essai de conceptualisation ou plutôt d’objectivation de ces pratiques sociales singulières dans le but de proposer des espaces de problématisation puis des méthodes d’intervention qui puissent articuler expériences des usagers, pratiques sociales de terrain, formation professionnelle et posture de recherche dans le travail social.
Depuis une trentaine d’années d’expérimentations et de recherches sur l’innovation dans le champ du travail social (Tourrilhes, 2011, 2012, 2013), il faut bien constater les difficultés toujours rencontrées dans le processus même d’une innovation sociale qui paraît juste pour les personnes les plus faibles mais qui - même si elle désirée surtout par temps de crise pour renouveler les pratiques sociales - n’a jamais les moyens de se déployer sauf dans une résistance, une stratégie, une ténacité,… à toutes épreuves ; comme si l’innovation, dans sa déviance par rapport à l’ordre institué, devait paradoxalement rester dans une « bulle » pour ne pas déranger le système d’action social en place.
L’innovation dans le travail social ne serait-elle qu’une injonction paradoxale, un mythe, une utopie… qui laisse croire qu’il peut y avoir un changement ?
Qui sont ces innovateurs du quotidien qui souvent, dans un travail invisible et demandant beaucoup d’énergie, investissent l’inconnu et tissent des liens entres des mondes et des acteurs différents pour répondre aux besoins des publics accueillis ?
Quels sont ces espaces interstitiels où se réinventent d’autres manières d’agir, de penser, de faire relation ?
On peut défendre ici l’idée qu’il y a dans le travail social :
- des « postures » interrogatives et réflexives qui favorisent l’émergence de l’innovation
- des conditions organisationnelles offrant des espaces de liberté où peuvent s’initier des processus d’innovation
- des innovations pédagogiques qui déconstruisent des modèles pré-établis pour favoriser l’élaboration de la pensée et la construction d’une posture professionnelle.

Le groupe « innovation » émergent à l’AIFRIS

Recherche-action, Changement, Co-construction, innovation