FREQUELIN Sophie (France) – sophie.frequelin@askoria.eu
WINTER Anne (France)

Depuis les années 90, l’addictologie, a amené une évolution de la prise en compte de ces problématiques et une réorganisation du dispositif de soins et de prévention.
En effet, la notion d’addiction, définie par Aviel Goodmann est devenue une référence pour les communautés sanitaires, éducatives et sociales. Son apport principal est d’avoir permis de dépasser une approche centrée sur le produit, associée à des réponses curatives et de sortir du regard moralisateur par lequel la personne est soit responsable de sa situation soit déviante.
Ce changement de regard implique une prise en compte plus globale des personnes addictée. Marc Valleur et J.C Matysiak l’ont traduite dans un « modèle trivarié », intégrant personnalité, produit ou comportement et contexte. Alain Morel et J.P Couteron, eux proposent l’approche expérientielle des addictions, dans laquelle Le sujet est positionné et reconnu dans la prise en charge comme « expert de son expérience »,.
Dans cette perspective, la suppression de la conduite, ou la cure, n’est plus LA solution, le but à atteindre. La personne, est alors accompagnée à s’inscrire dans un processus de changement, qu’il choisit d’engager en fonction de ses besoins, ses choix et ses potentialité, intégrant une visée de réduction des dommages.
Sur le terrain, cela se traduit, en France, par un dispositif spécifique ayant pour mission d'assurer les actions de prévention et de soins aux personnes addictées : les centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA),
Nous nous intéressons à l’impact de la notion d’addiction sur la pratique en termes de prise en charge et d’accompagnement des personnes addictées. Autrement dit, en quoi la référence à cette notion et ses développements, réinterrogent les pratiques des acteurs et la relation au public. Une première recherche exploratoire, nous avait permis de mettre en évidence l’expertise des travailleurs sociaux généralistes et l’influence de leurs représentations sur la manière de prendre en compte les situations des personnes addictées. Nous avions pu comprendre que s’ils mobilisaient la notion d’addition, ils faisaient souvent référence, dans leur pratique, à une approche par produit et principalement centrée sur les dommages.
Ces éléments de compréhension nous avaient permis d’interroger et d’ajuster l’offre de formation, démarche que nous souhaitons poursuivre en interrogeant la place donnée à l’expertise de l’usager dans l’évaluation de sa situation et son accompagnement.
Nous proposons de mener une recherche à partir du dispositif de soin, de prévention et d’accompagnement sur un territoire d’intervention. Nous procéderons à un état des lieux des actions proposées sur le territoire à partir d’une analyse du cadre législatif, que nous confronterons à l’expérience des professionnels et des usagers, acteurs de ces dispositifs et actions.
A travers ce protocole nous visons trois objectifs :
-Repérer les axes de travail prescrits et les méthodologies de travail mises en œuvre.
-Mettre en évidence la place des différents acteurs, professionnels et personnes addictées, dans la prise en charge et l’accompagnement, ainsi que leurs interactions.
-Apprécier les écarts possibles entre les objectifs (politiques, sanitaires et sociaux) et les modalités concrètes de mise en œuvre (objectifs, méthodes, outils).
Il s’agira, d’une part auprès des textes de dégager les objectifs, méthodes et moyens préconisés, d’autre part auprès des professionnels et des personnes addictées, au moyen d’entretiens semi directifs, de recueillir des données qualitatives. Elles porteront sur leur rôle, la place donnée et prise par chacun dans la prise en charge et l’accompagnement, l’expertise qu’ils reconnaissent à l’autre, la mobilisation et la prise en compte ou non d’éléments à la fois bio-psycho-sociaux. Nous regarderons si la relation professionnel/personne addictée, s’inscrit dans une logique de co construction.

Usager, Participation, Co-construction, Expertise