Pour la reconnaissance de la dimension existentielle de l'apprentissage par les instituts de formation en travail social : le cas des sujets argentiques

Année : 2015

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CHARTRIN THIERRY (France) – th.chartrin@gmail.com

Résumé :

L'objectif de cette communication est de présenter l'impact des situations extrêmes (Fischer, 1994) dans le parcours de vie et son influence sur les choix existentiels des individus. Quelle orientation donner à sa vie après une épreuve ? L'étymologie d'orientation renseigne selon Danvers (2007 : 51), sur l'intention spirituelle de cette question au sens de « trouver son orient ». Elle révèle ainsi la question du sens d'une vie dans ses dimensions axiologiques (prévalence, hiérarchisation). Notre propos visera donc à explorer l'hapax existentiel (Onfray, 1991), les différentes épiphanies (Denzin, 1989) créés par l'imprévisible situation qui scinde l'existence et inaugure une perspective riche de toutes potentialités (Onfray, 1991: 27). Il s'agira dès lors, de comprendre comment, dans une démarche initiatique, l'homme peut dans l'épreuve, produire des savoirs épiphaniques (Chartrin, 2014) où le principal n'est pas de savoir mais d'être (Fillot, 2011 : 35) et apprendre (enfin) à vivre (Ferry, 2006). En effet, le processus d'autoformation existentielle participe pleinement à l'émergence d'une conception dialogique de l'humain (Morin, 2012). Comprendre l'être humain dans une approche dionysiaque (Nietzsche, 1889) où le chaos cohabite avec l'ordre et invite à enrichir les conceptions traditionnelles de l'apprentissage. La vie dans toutes ses composantes y compris les plus dramatiques nous forme, nous transforme au point de considérer, de reconnaître la prévalence de l'impact des situations extrêmes. C'est notamment à travers l'expression de Nietzsche (1889) "ce qui ne tue pas nous rend plus fort" que nous pouvons considérer l'existence d'un prisme, certes marginale, à travers lequel nous observons le passage du négatif au positif.

Utilisant une métaphore ancrée dans l'art photographique, le lien avec la technique du développement argentique nous est apparu correspondre le mieux à cette idée. À l'origine, avant l'avènement du numérique, pour réaliser de belles photos, de beaux portraits, il fallait utiliser une technique nommée argentique. Le rapprochement sémantique entre cette technique et notre sujet de thèse s’est donc échafaudé autour de quelques éléments centraux : l'obtention d'un positif passe par un négatif; il est, de plus, réalisable à partir d'une action, d'un mouvement, d'une dynamique produits par un tiers révélateur; le résultat final vise à engendrer un produit plus beau que l’original. Nous nommerons donc sujet argentique "toute personne qui, suite au vécu de situation extrême, a réorienté sa vie et considère mieux vivre dorénavant ». Le sujet argentique devient, dès lors, la personne qui, traversée par des événements passifs-actifs (Legrand, 1993) opère une réorientation de sa vie vers la recherche d'une vie bonne (Ferry, 2010), source d'enrichissement, de bien-être, de spiritualité. La violence de l'impact des situations extrêmes et sa proximité avec la mort offre une opportunité pour le sujet de reconsidérer le sens qu'il donne à sa vie. Il a fait l’épreuve de la finitude, ce qui par ailleurs a produit des transformations existentielles qui ont été à l'origine de l'émergence de savoirs. Quelle place peuvent prendre les récits de vie des parcours des sujets argentiques dans la formation de travailleurs sociaux ? Quels bénéfices peuvent-ils en retirer ? Nous proposerons dans un premier temps de développer ce que représente la dimension existentielle de l'apprentissage à travers l'exemple de vécu des situations extrêmes. Une autre partie sera consacrée à la production de savoirs épiphaniques (Chartrin, 2014) chez les sujets argentiques (Chartrin, 2014). Enfin, nous présenterons une situation andragogique dans le cadre de l'organisation de cycle de conférences dans notre institution. Cette communication s'inscrit dans un travail de thèse en sciences de l’éducation en cours intitulé "Expérience de situations-extrêmes, autoformation existentielle et spiritualité laïque : le cas des sujets argentiques ".

Mots clés :

Catastrophe humaine, Formation, Quête du sens, Situations-extrêmes, autoformation existentielle, sujet argentique

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