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La supervision de groupe, lieu de déploiement de l’ « être » travailleur social

Année : 2015

Thème : Prendre soin des intervenants, c’est aussi prendre soin de leurs interventions sociales et de ceux qui en bénéficient…

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

HAUZOUL CHANTAL (Belgique) – chantal.hauzoul@telenet.be
FAGNY Manuel (Belgique) – mfagny@hotmail.com

Résumé :



Nous présenterons notre expérience de supervision d’un groupe de travailleurs sociaux d’un grand hôpital public bruxellois ancré dans un quartier défavorisé.

Ce processus a duré un an et a réuni huit intervenants sociaux dans nos locaux pour des séances mensuelles de deux heures. Les participants, attachés chacun à une ou plusieurs unités de soins somatiques (pédiatrie, urgences, gynécologie,…), sont appelés à accompagner les personnes hospitalisées en situation sociale problématique, voire extrêmement précaire.

Ces intervenants se trouvent, de manière récurrente, tiraillés entre la logique médicale centrée sur le symptôme, l’exigence hospitalière de rendement et d’assainissement financier, et leur préoccupation d’un réel accompagnement du sujet. Ils se trouvent à la fois témoin, dépositaire et porte-parole, au sein de l’institution, de la souffrance psychique liée à la précarité et à l’exclusion.

Sur base de la présentation de situations concrètes issues de leur clinique psycho-sociale, la supervision constitue pour eux un moment d’arrêt de l’agir, dégagé des pressions du quotidien. Il s’agit de la création d’un espace-temps pour penser les interventions sociales dans leurs enjeux relationnels, émotionnels, institutionnels et sociétaux.

La supervision est un lieu de contenance, de partage et de reconnaissance du vécu professionnel de chacun, lieu d’élaboration commune, de co-construction à la fois de sens et d’options d’interventions, lieu d’articulation de savoirs complexes, lieu groupal au sein duquel le participant est mis en présence d’images d’identification multiples. Cette expérience peut être rapprochée de celle du compagnonnage.

Il s’agit donc de créer un cadre de travail qui permette et facilite ces objectifs.

L’un psychologue et l’autre travailleur social, tous deux psychothérapeutes psychanalytiques, nous sommes engagés au sein du Service de santé mentale lié à l’Université Libre de Bruxelles. S’appuyant sur notre expérience institutionnelle et notre extériorité, notre double regard vise à permettre aux participants de penser leur travail, mouvement réflexif et créatif qui contribue à un processus de transformation interne vers l’approfondissement de leur identité professionnelle.

Notre grille de lecture psychanalytique permet d’attirer l’attention des intervenants sur les mouvements transférentiels et contre-transférentiels à l’œuvre dans toute relation d’aide. Ainsi, les questions suivantes peuvent être utiles à la compréhension des demandes : qu’est-ce que le patient rejoue avec l’intervenant ? Comment repérer cela ? Qu’est-ce que le patient (r)éveille chez l’intervenant ? Comment utiliser ces aspects comme des outils dans l’accompagnement ?

Le feed-back des participants a mis l’accent sur l’importance du cadre qui protège et qui permet le déploiement du contenu, sur la découverte de se trouver chacun, au quotidien, face à des éprouvés similaires, sur l’importance de la prise de conscience de leur vécu interne, sur l’ouverture de pistes de réflexion et d’action, sur leur confiance raffermie dans leur capacité d’ « être » travailleur social.
De ces rencontres est née en eux l’idée de la création d’une charte du travail social au sein de l’hôpital, définissant son éthique et ses missions, afin d’y préciser les spécificités et les limites des interventions sociales.

Mots clés :

Formation, Groupe, Co-construction, Supervision

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