LEIDER SOYEUR Claire (Belgique) – claire.leider@gmail.com

Si la professionnalité était une invention permanente …


C’est le croisement des expériences comme enseignante, praticienne systémique et superviseuse d’équipes dans différents secteurs du social à Bruxelles, qui consistera le pilier sur lequel cette communication prend appui. C’est bien ces expériences professionnelles qui m’ont conduite à cette analyse réflexive puis à cette tentative de théorisation sur la notion de professionnalité en travail social.
Je ne vais pas m’attarder sur le contexte socio-économique actuel belge qui sans rejoindre celui de la Grèce ou du Portugal tend à s’en rapprocher.
Nous l’entendons venant de toutes les directions : le travail social est menacé par les politiques d’activation ainsi que les nouvelles mesures de restriction de l’aide sociale, il est empêché par des moyens toujours trop faibles et des législations de plus en plus complexes et excluantes, pour certains, il est moribond et aurait besoin de soins palliatifs.

Si les travailleurs sociaux nous disent réduire leur écoute au problème posé et tenter d’y apporter une réponse, s’ils en ont la possibilité, les personnes aidées expriment leur sentiment de ne pas être écoutées, aidées, intéressantes et de se retrouver seules avec leur désespoir, leur grogne, leur colère, leurs peurs….et leurs difficultés. Pire, elles se sentent abandonnées et rejetées par ceux qui ont pour mission de les aider et les soutenir. C’est, je pense, pour cette raison que de plus en plus de personnes viennent frapper à la porte du psy. (Congrès Métices, 2014)

La professionnalité des assistants sociaux, comment la définir ? Professionnalité, professionnalisme, professionnalisation, une série de mots autour de cette notion.
« La professionnalité est désignée socialement comme étant composée de compétences, de capacités, de savoirs, de connaissances et d’identités reconnues par une organisation ou un groupe professionnel comme étant les caractéristiques d’un « vrai » professionnel » (Wittorski, 2007)
Un concept tout proche rime donc avec elle, c’est celui de l’identité. Cette professionnalité n’est-elle pas intrinsèquement incluse dans l’identité des travailleurs sociaux ? Comment se manifeste-elle dans la rencontre entre l’intervenant et la personne/les personnes sollicitant l’aide ?
Elle ne se situe pas seulement dans l’obtention d’un diplôme et d’un titre mais elle est à l’œuvre dans tout le processus d’aide et dans chaque moment interactionnel.
La notion de professionnalité interroge l’ensemble des compétences professionnelles de l’intervenant sous le double point de vue de l’identité et de l’activité qu’il exerce. (Perez-Roux T., 2012)
Elle est toujours à réinventer en fonction de la demande/non-demande, de la personnes/des personnes, du cadre institutionnel, de la culture, du contexte politico-social, … Elle donne à la fois du cadre à l’intervention et de la liberté d’agir dans l’intérêt des personnes. Elle est ce tiers qui rend cette relation tout à fait particulière entre l’intervenant et la personne aidée, différente de tout autre relation puisqu’elle est centrée sur ce qu’exprime la personne en difficulté et non sur les deux interlocuteurs.
C’est cette professionnalité qui rend cette relation totalement asymétrique et idéalement tout à fait complémentaire.
« Elle renvoie également à la construction renouvelée d’un soi professionnel par les acteurs qui ont déjà une expérience » (Jorro, 2011)
Cette communication approfondira cette question de la professionnalité des assistants sociaux, en détaillant leurs moyens d’action spécifiques pour la rendre active et vivante en y apportant des vignettes cliniques.

Savoirs, Compétence, Savoir être, identité, valeurs, créativité