La mise en autonomie des mineurs étrangers non accompagnés à l'épreuve de la formation des travailleurs sociaux
Année : 2015
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
DESOMER Valérie (Belgique) – valerie.desomer@uvcw.be
Résumé :
Cette communication se développera au départ du contexte des pratiques d’accueil des mineurs étrangers non accompagnés en Communauté francophone de Belgique (Wallonie-Bruxelles). Nous ferons le constat des impasses d’une véritable politique d’accueil des demandeurs d’asile dite fédérale permettant de relever les défis posés par les migrations en promouvant le respect des droits, de la mixité culturelle et de l’égalité.
Comme le montrent de nombreux rapports ou instruments internationaux, dès qu’il s’agit d’enfants étrangers migrants, définir une politique commune est fort délicat dans de nombreux pays européens notamment à cause du champ politique pluriel qui gravite autour de ces notions : respect des droits de l’enfant, enjeux de politique extérieure et intérieure, de politique d’intégration, de politique sociale, éducative.
En Belgique, le système politico-administratif complexe: 3 régions (la Région wallonne, la Région flamande et la Région Bruxelles-capitale), 3 communautés (la Communauté française, la Communauté flamande et la Communauté germanophone), 3 niveaux de pouvoir (le fédéral, le régional et le local via les communes et les centres publics d’action sociale) ne facilite pas le travail de définition d’une politique sociale commune harmonisée et cohérente en matière d’accueil, d’intégration et de mise en autonomie des MENA. A cela s’ajoute le fait que la Belgique est un pays trilingue : le français, le néerlandais et l’allemand sont les trois langues nationales. Ce trilinguisme a une incidence indéniable sur le parcours scolaire de certains MENA. Il est certain que la définition et la mise en œuvre des politiques d’aide à la jeunesse, des politiques éducatives communautarisées et des politiques de gestion des flux migratoires au niveau fédéral est difficile à calquer sur de telles frontières linguistiques. La continuité et la cohérence du projet de vie du jeune apparaissent alors comme secondaires par rapport à la politique de gestion des flux migratoires. Parce que ce contexte politico-administratif est compliqué, l’accompagnement et la mise en autonomie des Mena demande une démarche réflexive nécessaire, loin de tout culturalisme. Depuis 2008, le Centre de Formation de la Fédération des CPAS met en œuvre un programme de formation centré sur les modes d’intervention des professionnels spécifiques à l’accompagnement des Mena. Nous sommes partis du questionnement suivant: Comment se prémunir contre tout ethnocentrisme qui risquerait de nuire à la relation avec le jeune? Qu’est-ce que l’interculturalité dans le travail social en lien avec un public fragilisé tel que les Mena? Comment permettre aux jeunes d’avoir un projet de vie qui tient compte de la singularité de chaque trajet d’accueil? Comment développer des partenariats entre les professionnels de l’école et les travailleurs sociaux de l’accueil des Mena qui tiennent compte de la diversité des parcours scolaires dans l’intérêt du jeune? Comment accompagner le jeune face aux traumas liés à l’exil, à l’asile et aux conditions d’accueil ? Comment faire son métier dans un contexte juridico-institutionnel en perpétuel changement et de moins en enclin à favoriser l’intégration mais le retour volontaire au pays?
Ce questionnement a balisé un travail de recherche-action sur l’accompagnement scolaire et à la mise en autonomie des MENA à destinations des intervenants sociaux dans le cadre de deux projets financés par le Fond Européen pour les Réfugiés. Cette recherche-action a permis de décoder les représentations que les travailleurs sociaux ont de leur métier, leurs postures professionnelles et les changements socio-psycho-culturels en œuvre dans le cadre des parcours migratoires et de l’exil des MENA. A partir de ces deux projets, nous avons analysé les modes d’interventions de tous les acteurs du réseau qui gravitent autour des Mena, sur les moyens qu’ils mobilisent pour accompagner ses jeunes mena dans un véritable processus du développement du pouvoir d’agir.
Mots clés :
Autonomie, Politique sociale, Intégration, Migration
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