« La "gestion mixte du marché du travail", un nouveau mode de "gouvernance" à l’épreuve de la crise de l’emploi »
Année : 2010
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
LEBRUN Michaël (Belgique)
Résumé :
Par l’ordonnance du 26 juin 2003 , ainsi qu’à travers l’élaboration du Contrat de gestion 2006-2010 du Service Public de l’Emploi (SPE) régional bruxellois rebaptisé à cette occasion Actiris, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a contribué à légitimer l’existence d’un « marché » du placement des demandeurs d’emploi, estimant « qu’une coopération entre bureaux et services de placement privés et publics est recommandée pour l’organisation du marché du travail ainsi que pour le développement d’une politique socio-économique qui favorise l’emploi ». S’inscrivant en droite ligne dans le cadre des différentes stratégies supranationales pour l’emploi (OCDE, OIT, Commission européenne), des « politiques actives du marché du travail » (PAMT) élaborées au niveau fédéral… et des recommandations des organisations patronales, l’action publique (et parapublique) régionale pour l’emploi cible principalement la catégorie nouvellement dénommée des « chercheurs d’emploi », sommés de « s’activer » aussi bien dans leurs recherches d’emploi que dans le développement de leur « employabilité ». Ce faisant, l’idéologie de l’activation, auparavant apanage des élites technocratiques, investit le champ de l’action sociale, en tentant d’enfermer les acteurs associatifs de l’insertion socio-professionnelle dans une logique de la rentabilité immédiate combinant des mécanismes d’appels d’offre, de contractualisation en cascade, d’évaluation quantitative et de profilage des formations en fonction des « exigences du marché ».
Dans notre contribution, nous proposons d’explorer les contours et enjeux du référentiel de l’activation des politiques de l’emploi, tels qu’ils s’expriment dans les discours normatifs supranationaux dont se nourrissent les dirigeants administratifs et politiques régionaux bruxellois, avant de dresser une rapide description des transformations impulsées auprès des « intermédiaires du marché du travail » bruxellois, qu’il s’agisse d’Actiris, des agences intérimaires privées, des organismes d’insertion socio-professionnelle, des centres publics d'action sociale ou de nouvelles initiatives de PPP telles les agences d’intérim… social.
Nous confronterons enfin cette nouvelle architecture institutionnelle à l’évolution des chiffres et des réalités de l’emploi et du chômage sur un marché du travail bruxellois, caractérisé à la fois par un certain nombre de paradoxes, une dualisation sociale croissante et une insuffisance structurelle à absorber l’offre de travail existante. Nous mobiliserons à cette fin nos propres travaux de recherche, les résultats récents des recherches de collègues chercheurs belges (ENGLERT Marion et PLASMAN Robert, ULB, et MASSET Delphine, UCL), consacrées respectivement à l’« analyse des déterminants du chômage urbain » et au déficit qualitatif des emplois d’insertion dans les métiers dit en pénurie.
Mots clés :
Employabilité, Insertion, Action publique
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