Politique et dynamique culturelle: acteurs et enjeux en Valais romand
Année : 2010
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
MORONI Isabelle (Suisse) – isabelle.moroni@hevs.ch
BENDER Gabriel (Suisse) – gabriel.bender@hevs.ch
Résumé :
Un nouveau cadre de référence émerge aujourd’hui qui lie la culture avec le développement social et économique des territoires (OCDE, 2005, Agenda 21 de la culture, 2004). Ce nouveau paradigme amène les collectivités publiques, les institutions et les opérateurs locaux et régionaux à renforcer et professionnaliser leur offre artistique et culturelle. La culture et l’art sont entrés de plain-pied, à la fois, dans les ménages publics, mais aussi dans les représentations de ce qui fait la force et l’intérêt d’un territoire pour ses habitants et ses visiteurs.
Notre recherche (Bender, Moroni, 2010) questionne cette "effervescence culturelle" dans le contexte spécifique du Valais romand. Nous avons analysé et comparé, sur une période d’environ 20 ans, les logiques et actions culturelles des quatre principales villes valaisannes en relation avec la politique cantonale.
La question des actions culturelles est paradigmatique des « jeux d’échelles » (Faure, Leresche, et all., 2007) des politiques publiques. Dans un système fédéraliste comme celui de la Suisse, la politique culturelle est déléguée à l’échelon communal, confédération et cantons n’agissant que de manière subsidiaire par rapport aux entités politiques locales. Or, la répartition formelle des pouvoirs ne rend que partiellement compte de la réalité du terrain culturel où la responsabilité et le pilotage des actions restent éminemment discutés et interprétés.
Nous avons fait le constat que le pouvoir cantonal apparaît aujourd’hui comme un acteur majeur des innovations en matière de politique culturelle. Ce leadership cantonal s’accompagne d’une redéfinition des pratiques et instruments d’action publique. Les outils de régulation renvoient notamment à un modèle de gouvernance qui promeut des actions co-construites avec les intérêts sociaux et institutionnels, mobilise des expertises pluralistes, tout en positionnant l’Etat dans un rôle de coordinateur. Ces nouvelles orientations reposent sur un répertoire discursif qui tend à « déterritorialiser» (Négrier, Teillet, 2008) la politique culturelle, effaçant les frontières et les particularismes locaux pour donner une identité unique au territoire cantonal. Les villes sont en quelque sorte conviées à entrer dans un réseau régional, en apportant chacune sa spécificité culturelle.
Les autorités des villes ne se laissent pourtant pas entraîner aisément dans la gouvernance cantonale qui met au défi le sacro-saint principe de l’autonomie communale. La politique locale sort difficilement d’une « dépendance au sentier » (Palier, 2006) qui reproduit les schémas d’action passés malgré les injonctions sociales et politiques au changement. En même temps, les territoires étudiés montrent une certaine porosité aux logiques externes qu’elles soient liées aux transformations du secteur culturel lui-même, aux projets du canton ou à d’autres modèles communaux qui ont fait leur preuve. Les principales communes urbaines rejoignent ainsi progressivement un mouvement commun d’institutionnalisation, de professionnalisation et de coordination de l’offre culturelle.
Les tensions évoquées soulignent le caractère dynamique de l’espace local où, d’une part, les relations entre les échelles de pouvoir sont en perpétuelle redéfinition et, d’autre part, où des référentiels territoriaux se construisent, articulant ouverture et fermeture aux transformations globales de la société.
Les résultats de l'étude rejoignent les contenus du module de formation Oasis «Développement local durable » qui encourage les étudiants.tes à saisir le territoire comme un lieu, à la fois, d’ancrage et de flux de ressources symboliques, économiques et politiques (Debarbieux,et al., 2008). C’est tout l’enjeu du « développement social local » (Besson, 2008) de savoir ajuster ses interventions aux logiques locales, tout en étant porteur de renouveau social.
Mots clés :
Action publique, Ville, Subsidiarité
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