Chemins d’économie humaine

Année : 2016

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

Lourdes Samy (Inde) – areds30@gmail.com

Résumé :

Nous sommes membres d’un Réseau où se retrouvent des hommes et des femmes de tous les continents, des universitaires, des politiques, des fonctionnaires, des hommes d’entreprise, des syndicalistes et surtout des animateurs d’organisation de terrain. Par ce Réseau, nous avons rencontré des témoins de situations inacceptables dues aux contraintes sociales comme aux violences du système économique et, en même temps, nous avons vu à l’œuvre des hommes et des femmes qui s’efforçaient, avec succès, de rendre la vie plus humaine pour des exclus et des opprimés du niveau local au niveau national et, parfois, mondial.
Inspirés par leur exemple, nous avons décidé d’écrire un livre pour tous ceux qui veulent à leur niveau, même dans l’environnement le plus difficile, faire bouger les choses vers un peu plus de dignité, de justice, de solidarité, en un mot vers plus d’humanité. Nous nous adressons aux organisations de la société civile, aux personnes qui agissent dans les organisations syndicales, les institutions publiques, les entreprises et les collectivités territoriales ; nous nous adressons aussi à ceux qui exercent le pouvoir politique ou aspirent à l’exercer
Originaires d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Asie et d’Europe et nous appuyant sur des exemples pris dans chacun de ces continents, nous espérons prendre en compte la diversité des situations et des sensibilités tout en proposant en commun des pistes vers une économie humaine dans un monde d’interdépendances. Nous avons donné pour titre à ce livre Chemins d’économie humaine. « Chemins » parce que nous pensons qu’il y en a plusieurs et que l’humanité les emprunte depuis toujours, parfois à reculons, souvent en avant : nous ne renions pas les progrès accumulés au cours des siècles. « Economie humaine » parce que l’homme n’est pas au service de l’économie, au contraire l’économie doit être l’art de répondre aux besoins de l’homme, besoins qui sont d’ordre matériel et spirituel.
Si notre livre est basé sur des exemples, il trouve ses fondements intellectuels dans la pensée de Louis-Joseph Lebret et celle de François Perroux. Le premier a forgé le concept d’économie humaine et en a donné une définition modeste et ambitieuse à la fois : l’économie humaine « est la discipline (à la fois de la connaissance et de l’action) des passages, pour une population déterminée et pour les sous-populations qui la constituent d’une phase moins humaine à une phase plus humaine, au rythme le plus rapide possible, au coût le moins élevé possible, compte tenu de la solidarité entre les sous-populations et entre les populations » Le second désignait l’homme comme finalité de l’économie avec pour objectif ultime de "développer tout l'homme et tous les hommes" . Nous voulons trouver les chemins d’une économie où chaque personne, la totalité de la personne et toutes les personnes comptent.
L’économie au sens où on l’entend habituellement est la « science qui a pour objet la connaissance des phénomènes concernant la production, la distribution et la consommation des richesses, des biens matériels (et des services) dans la société humaine ». Par sa finalité même, l’économie humaine n’est pas une sous-partie de l’économie au sens commun du terme, mais au contraire la dépasse sans avoir, comme elle, l’ambition d’être une science.
Le désir d’une autre économie se lit aujourd’hui dans la floraison des qualificatifs qui sont associés à ce substantif : économie sociale et solidaire, économie positive, économie normative, économie circulaire, économie familiale, économie civile, économie paysanne, sans oublier le « buen vivir » cher à la population indigène d’Amérique Latine et le « manifeste convivialiste ». Chacune de ces visions d’une alternative à la situation présente est aussi source d’inspiration pour décrire les chemins d’une économie humaine.

Mots clés :

Acteur de développement, Approche globale, Zone rural

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