Intervenants sociaux sans gouvernail et accompagnement en crise.

Année : 2010

Thème : Perspectives pour des changements durables.

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

GLARNER Thierry (Belgique) – thierry.glarner@skynet.be
LEIDER SOYEUR Claire (Belgique) – claire.leider@gmail.com

Résumé :

N’étant plus en mesure de fournir l’aide qu’ils estiment nécessaire et utile pour atteindre l’objectif de réintégration dans la vie sociale et économique (Franssen, 1999), les intervenants de terrain expriment, impuissance, frustration, déception et limites dans l’exercice de leur métier. Ils évoquent un manque de reconnaissance aussi bien par les politiques, par leur employeur que par les personnes aidées.

Ces transformations de l’aide sociale et la forte pression visant à la rationaliser (Sanchez-Mazas et Tschopp, 2010) agissent tant sur les travailleurs sociaux que sur le public qui fait appel à eux. Les travailleurs sociaux sont contraints d’intégrer la logique managériale dans leurs pratiques alors que la logique sociale de l’accompagnement constitue l’idéal du métier appris lors de leur formation.

L’accompagnement social est cette action singulière que mène le travailleur social en étant à côté de l’usager pour aller avec lui vers… Vers une restauration de ses droits, vers un accès à des avantages sociaux auxquels il peut prétendre, vers un mieux-être social, environnemental, relationnel ou personnel qui contribue à sa réhabilitation dans la société civile. Dans le contexte de crise économique qui perdure, les dispositifs sociaux doivent faire face à de nombreuses demandes et à des réglementations de plus en plus restrictives dans l’octroi de l’aide financière. Face à la complexité croissante des situations sociales, comment encore réaliser cet accompagnement social des personnes?

Questionnement

Comment aider ces personnes quand le travailleur social lui-même se sent si peu soutenu et démuni pour remplir sa mission ?
Comment l’usager va-t-il percevoir cet accompagnement souvent très limité et réduit à la résolution urgente du problème, et encore ?
Le travail en réseau est-il la panacée pour améliorer les conditions de travail des travailleurs sociaux et pour améliorer significativement le sort des bénéficiaires de l’aide sociale ?

Malgré les limites de l’accompagnement des usagers par les travailleurs sociaux, certains des usagers développent des actions émancipatrices, tel ce groupe de patients sortis de psychiatrie qui se rencontrent régulièrement pour des « soirées jeu » afin de maintenir le lien social et être solidaires face aux épreuves du dehors. Ne serait-il pas pertinent, pour les responsables politiques, de soutenir, encourager et valoriser ces actions citoyennes, nées de besoins réels des personnes en difficultés en leur permettant de garder une dignité humaine ?

Perspectives

Afin d’apporter quelques éléments de réponse à ce questionnement, nous proposons des pistes d’action dégagées du contenu des communications de professionnels de l’intervention sociale recensées lors de la journée d’étude de l’ABFRIS du 29 avril 2010 à Liège, ayant pour thème : Nouveaux métiers et diplômes historiques : quels enjeux pour l’intervention sociale et la formation ? Cinq tables rondes ont réuni 140 participants lors de cette journée, autour des grands thèmes de l’action sociale, à savoir le secteur de la jeunesse, la santé, l’action sociale, les formations continues et les pratiques sur le terrain, l’accueil, le travail de rue et l’action communautaire.

L’objet de cette contribution est de mettre en avant les stratégies possibles des intervenants pour « résister » aux limites rencontrées dans le travail d’insertion, par exemple en s’appuyant sur le concept « d’utilité sociale » avec la mise en place d’actions propres au développement communautaire. Il s’agit également d’analyser les limites du principe d’activation et son efficience, lorsque l’accompagnement social est inexistant ou inapproprié ou, à l’inverse se révèle approprié et personnalisé. Le cadre d’analyse étant défini, il devient ensuite possible de repérer et de décrire les pratiques de l’assistant social qui constituent la trame de l’accompagnement durable, en prenant appui par exemple sur celles de facilitateur et de médiateur.

Mots clés :

Action communautaire, Activation sociale, Autonomie, Accompagnement social, émancipation, solidarisme

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