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BOUKADIDA LILIA (Tunisie) – liliaboukadidda@yahoo.fr

La révolution tunisienne a provoqué une mutation conceptuelle profonde. Le vocabulaire politique s’est infiltré dans notre langage quotidien, des termes ont surgi et d’autres ont adopté de nouvelles définitions. La solidarité est un concept touché par ces changements. Il était lié depuis 1993 par le fonds national de solidarité plus connu par « le fonds 26-26 ». Les tunisiens considèrent ce fonds comme source de la corruption financière. La loi de finance complémentaire n°54.2014 a altéré les valeurs de la Solidarité avec la création d’une nouvelle taxe nommée « le timbre de la solidarité » payée par les étrangers en quittant la Tunisie, et d’une valeur de 30 dinars (~12 euro). Cette solidarité imposée, forcée, a perdu son sens et a brisé la confiance des tunisiens.
La révolution tunisienne a balayé ce fonds et les étrangers, les libyens et les algériens, ont refusé de payer cette taxe.
L’Etat a perdu sa crédibilité envers ses citoyens. En contrepartie le domaine social s’est vu submergé par des nouvelles associations qui essayent de remplir la mission de réduction des inégalités sociales. Une sorte de concurrence s’est établie entre la solidarité publique et la solidarité associative. En réalité, et même si les objectifs de ses associations ne sont pas toujours innocents, le travailleur social essaie d’investir les ressources formelles et informelles dans son intervention sociale pour satisfaire les besoins de ses clients.
Le point de départ de notre réflexion c’est de mettre en valeur l’ambiguïté conceptuelle de la solidarité qui nous semble familière mais dont la définition est limitée aux entraides chez beaucoup d’entre nous et même chez des travailleurs sociaux, en négligeant toute autre sorte d’intervention, encadrement et accompagnement.
L’objectif de cette participation c’est de montrer que le service social exercé aux unités locales de la promotion sociale en Tunisie passe par une phase délicate et sensible. Depuis la révolution tunisienne du 14 janvier 2011, le travail social est sous double pression, d’une part les exigences des usagers et d’autre part les indicateurs alternatifs du bien-être et de pauvreté. De plus les travailleurs sociaux sont mise en cause et en les accusant d’insuffisance et de manquement professionnel.
Pour avoir des chiffres et des données fiables sur la pauvreté, la Tunisie s’est engagée envers le Fonds monétaire international (FMI)  de mettre en place un système de protection sociale mieux ciblé1: « Un système de ciblage basé sur une banque de données sur les familles nécessiteuses et à revenus limités, finalisé au plus tard en mars 2017 à la suite d’enquêtes de terrain faites en 2016 ».
Dans la conjoncture nationale actuelle marquée par les arrières pensés idéologiques, politiques et les contraintes financières, on va cerner l’action du travailleur social pour arriver à satisfaire les besoins essentiels de son client.
Méthodologie
Pour illustrer la complexité du concept de solidarité, et atteindre l’objectif de notre étude nous nous appuierons sur une recherche conduite sur les seize unités locales de la promotion sociale au gouvernorat de Sousse, en se basant sur un questionnaire pour chaque chef unité axé sur certains points tels que :
*La définition de la solidarité.
*les caractéristiques des usagers de cette solidarité.
* les sources de la solidarité avant et après la révolution selon l’avis des travailleurs sociaux.
* l’accessibilité locale des sources de la solidarité.
Par cette étude on souhaite montrer une situation faisant que le service social a perdu son champ de créativité et sa capacité d’innovation au profit du service social ambulatoire.

Solidarité, Association locale, Intervention sociale et travail social, révolution tunisienne