Des étudiants ‘acteurs sociaux’

Année : 2016

Thème : Projets collectifs au sein d’une école sociale : questionnements pédagogique et sociologique

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

PINILLA José (Belgique) – joseluis.pinillaoblanca@cpascharleroi.be

Résumé :

AXE 3 : ‘Transmission des solidarités, ses modalités et ses enjeux’

J’ai fait le choix d’investir deux univers professionnels : chargé de missions au Centre Public d’Action Sociale de Charleroi (au sein du Service ‘Actions collectives’) et professeur à l’École sociale de Charleroi. J’ai établi des passerelles entre ces deux univers professionnels. En tant que professeur, dans ma manière d’appréhender les cours, je me suis reposé sur le trépied ‘formation – pratique professionnelle de terrain – et approche réflexive’. Mes références sont celle de l’acteur social (dans l’esprit de la sociologie de l’action d’Alain Touraine) et celle du praticien-chercheur.

Fidèle à ces points de repère, au fil des années, en tant que professeur, j’ai innové dans deux directions : celle de la lutte contre l’échec scolaire dans l’esprit d’une pédagogie de la réussite (méthodes d’étude, accès à l’abstraction, interdisciplinarité, approches actives et diversité méthodologique) ; celle de la recherche de solidarité dans l’école via les projets de parrainage (‘matière’ et ‘relationnel’) visant à créer des solidarités verticales et horizontales entre étudiants de première et de deuxième année. Les projets ‘société civile’ consistent à promouvoir des initiatives à finalité sociale dans l’école ou dans la société. L’engagement ‘parrainage matière’ est individuel, tandis que ceux de ‘parrainage relationnel’ et de ‘société civile’ sont portés par des petits groupes d’étudiants.
En d’autres termes, faire en sorte que les étudiants deviennent des acteurs dans une école sociale, plus sociale. On est bien dans une optique de pédagogie du projet puisque ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du cours de deuxième année de méthodologie du travail social de groupe et de l’action collective.
Lors de l’évaluation écrite, les apprenants sont invités à faire le lien entre les ‘théories’ du cours (animation de réunion, gestion de conflit, gestion de projet (objectifs, action et indicateurs d’évaluation), écoute active,…) et leurs pratiques et expérimentations. Au fil des années, on a dépassé la centaine de groupes restreints de ‘parrainage solidaire’ et les 50 projets ‘société civile’. La mémoire de ces projets se retrouve reflétée dans les rapports d’évaluation remis par les étudiants. En dernière instance, la finalité consiste à former de futurs professionnels compétents, actifs, réflexifs, critiques et solidaires.
L’objet de cette communication consiste à décrire très brièvement ces différents projets, de proposer une brève évaluation (réussites et limites). La réflexion critique se réalise selon une double approche : pédagogique et sociologique.

Quelques questions sont posées : Dans quelles mesures les projets préparent-ils les étudiants à leur future profession de travailleur social (points positifs et limites), dans la société telle qu’elle est (accroissement des inégalités, postmodernité sur fond de néolibéralisme, État social actif, individualisme et déficit d’intégration, ruptures et recompositions du lien social, formes larvées et manifestes de déshumanisation, incertitudes du lendemain,…) ? Quelles combinaisons des compétences reliant l’individuel et le collectif ? Quelle ouverture de l’école sur la société (et la société civile) ? Quel impact sur l’identité professionnelle ?
J’achève la communication en prenant distance par rapport aux projets ‘parrainage’ et ‘société civile’. Avec ma casquette de chargé de missions au CPAS de Charleroi, j’ai été amené à corriger les copies des candidats assistants sociaux soumis à des tests d’embauche.

Trois points faibles sont constatés : déficit d’analyse avant l’action, paternalisme et déresponsabilisation de la personne, absence de concertation et d’approche collective : ces résultats nous interpellent en tant qu’École sociale. N’avons-nous pas notre part de responsabilité ? Je suggère quelques pistes de réflexion en établissant une passerelle avec les projets collectifs de l'école.

Mots clés :

Acteurs, Transfert des connaissances, Citoyenneté, société civile

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