ROBIN Renée-Maude (Canada) – renee-maude.robin@uqat.ca

Cette communication vise à présenter les résultats d’une recherche sur les rétributions reliées à la militance dans les organismes communautaires ayant un mode de gestion féministe dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue au Québec.

Réalisée dans le cadre d’études de maîtrise en travail social à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, l’étude s’est insérée dans le contexte québécois général où de nombreuses femmes militent dans des groupes qui se rattachent au mouvement féministe qui s’est lui-même beaucoup transformé au fil des années. Ces changements, caractérisés par une plus grande diversité des modes de gestion au sein des groupes féministes, les différents profils des militantes et le contexte sociétal marqué par les multiples conceptions de ce qu’est le féminisme ont contribué à l’émergence de configurations très variées de la militance et à une désolidarisation entre les groupes. Les modes de gestion adoptés par les groupes féministes, rattachés à la promotion de relations égalitaires et non hiérarchiques, encadrent le militantisme en leur sein et prennent aujourd’hui différentes formes. Devant cette diversification, la recherche effectuée s’est intéressée à la façon dont les modes de gestion féministe favorisent certains profils de militance et permettent certains types de rétributions aux militantes, en visant les objectifs suivants : identifier les formes de rétributions qui amènent les femmes à devenir militantes dans ces groupes, documenter les motifs de leur implication comme militantes, ainsi que l’influence des modes de gestion sur leur militantisme.

La trame conceptuelle de ce projet s’est élaborée autour de la théorie des rétributions. D’un point de vue utilitariste, les concepts de rétributions matérielles et de rétributions dites symboliques telles que proposés par Weber (1963), Gaxie (1977 ; 2005) et Sainteny (1995b), ont été utilisés afin d’insister sur le fait que l’attachement à une cause peut être un facteur d’implication militante, mais aussi que d’autres incitations peuvent amener les gens à se mobiliser.

À partir d’un devis qualitatif, la méthode de collecte des données a consisté en des entretiens semi-dirigés auprès de femmes rémunérées et non rémunérées s’impliquant dans la gestion des divers groupes féministes de la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Ces entretiens ont été analysés par le recours à la méthode d’analyse de contenu thématique.

Les résultats de l’étude permettent de dégager un portrait de la militance contemporaine, notamment par l'identification des motifs qui nourrissent aujourd'hui l'implication des femmes et par la mise en lumière des rétributions que proposent les modes de gestion féministe. Puisque peu d’études ont porté sur ce qui favorise l’engagement militant et sa continuité dans les groupes féministes, ces résultats peuvent permettre d’alimenter les débats au sein des groupes féministes en leur permettant de connaître la recherche de rétribution des militantes afin d’augmenter les solidarités avec les femmes à une plus grande échelle. Par ces résultats et les enjeux qu’ils soulèvent, il sera également possible d’alimenter les réflexions de la communauté scientifique dans le domaine de la militance.

Plusieurs enjeux sociaux touchant actuellement les femmes, et face à un besoin ressenti par le mouvement féministe d’accroître les solidarités, ce mouvement peut s’avérer un havre pour les femmes qui ont envie de militer pour faire changer les choses. C’est dans cette perspective que la mise en lumière des rétributions que les groupes communautaires féministes peuvent apporter à ces femmes s’est inscrite.

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