Les enjeux de la gouvernance des espaces publics et de la cohabitation avec les populations marginalisées. Le cas des tentes du Canal Saint-Martin.

Année : 2010

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

COLOMBO Annamaria (Suisse) – annamaria.colombo@hefr.ch
PULZER Noémie (Suisse)
PARAZELLI Michel (Canada) – parazelli.michel@uqam.ca

Résumé :

Selon Ghorra-Gobin (2000), l’espace public représente une forme urbaine exemplaire d’urbanité, en tant que mise en scène de la société civile, ouvert à tous sans discrimination. Or, la gestion urbaine des espaces publics semble de plus en plus dirigée par des impératifs de « positionnement » des grandes villes soumises à une compétitivité territoriale accrue associée à la globalisation des marchés (Rosemberg, 2000 ; Sassen, 2002 ; Brenner, 2004). Qu’il s’agisse d’attirer les investisseurs et les touristes (Ley, 1996) ou les « classes créatives » au sens de Florida (Tremblay et Tremblay, 2010), il s’agit de créer une image attractive de la ville conçue comme un produit de marketing (Noisette et Vallérugo, 2010).
Ces stratégies de marketing urbain sont difficilement compatibles avec la présence de populations marginalisées dans les espaces publics. Symbole d’insécurité, d’insalubrité et de misère, leur occupation d’espaces visibles des centres-villes semble aller à l’encontre de l’image de prospérité économique, de propreté et de sécurité recherchée par ces métropoles (Mitchell, 1997 ; Parazelli, 2004).
Dans ce contexte, afin de développer des pistes permettant d’améliorer la cohabitation urbaine avec les populations marginalisées, il apparaît essentiel de comprendre les représentations différentielles des enjeux en question selon le point de vue des principaux acteurs concernés. Toutefois, peu de recherches s’intéressent au sens que ces enjeux de partage de l’espace urbain revêtent aux yeux des acteurs directement concernés.
A ce titre, les résultats qui émergent d’une enquête auprès des principaux acteurs concernés par l’occupation des bords du Canal St-Martin, à Paris, à l’aide de tentes, sont significatifs. Cette mobilisation citoyenne lancée par l’association des Enfants de Don Quichotte (EDDQ) en 2007 visait à dénoncer les conditions indécentes des mal-logés et notamment des sans-abri dans ce pays. Ces résultats sont issus de l’analyse de vingt-quatre entrevues menées auprès des EDDQ, des intervenants socio-sanitaires, des autorités urbaines et des populations marginalisées. A partir d’un cadre théorique inspiré de l’analyse stratégique (Crozier et Friedberg, 1977) et complété par des apports de la psychosociologie (notamment les études sur les représentations sociales de Jodelet, 1989) et de la géographie (notamment les travaux sur le rapport à l’espace de Parazelli, 2010), il s’agissait d’appréhender les stratégies déployées par les acteurs en fonction de la façon dont ils comprennent ce qui est en jeu dans la gestion des espaces publics et son partage avec les populations marginalisées.
Cette communication rend compte de ces résultats, qui s’inscrivent dans une recherche comparative internationale ayant pour but d’étudier les enjeux associés à la gestion de l’espace public à partir de la comparaison de quatre études de cas mettant en question la présence dans l’espace public de populations marginalisées.

Mots clés :

Vivre ensemble, Urgence sociale, Zone urbaine, Espaces publics, populations marginalisées, gouvernance urbaine, mobilisation, insécurité.

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