La musique comme lieu de rencontre entre réfugiés et autres Québécois
Année : 2016
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
ARSENAULT Stéphanie (Canada) – stephanie.arsenault@svs.ulaval.ca
Moreno Sala Maria Teresa (Canada) – maite.moreno@mus.ulaval.ca
MARTIN-GAGNON Gabriel (Canada) – gabrielmartingagnon@gmail.com
Résumé :
L’exposé suivant s’inscrit dans le deuxième axe du congrès portant sur le thème des expérimentations et de la mise en œuvre des solidarités aujourd’hui. Nous comptons présenter les résultats préliminaires d’une recherche (CRSH) portant sur une démarche musicale de rapprochement interculturel entre des personnes réfugiées et d’autres Québécois. Cette démarche a eu cours à l’hiver et au printemps 2017 à Québec. Elle visait l’amélioration de l’intégration et du sentiment d’appartenance des réfugiés au Québec ainsi qu’un rapprochement entre ceux-ci et d’autres citoyens québécois.
Plusieurs recherches ont étudié la manière dont une participation à des activités musicales peut aider des réfugiés dans leur nouvelle vie. Ces études mettent en lumière quatre aspects. Premièrement, la musique peut contribuer au bien-être général de réfugiés. La capacité de la musique à atténuer leurs émotions négatives, à réduire leur niveau de stress, à améliorer la qualité de leur sommeil, à rétablir leur sentiment de sécurité et à renforcer leur capacité de résilience a été démontrée (Choi, 2010; D’Ardenne et Kiyendeye, 2014).
Deuxièmement, les pratiques artistiques agissent positivement sur l’identité culturelle de réfugiés et d’immigrés, notamment sur l’affirmation, la valorisation et la transformation identitaire (Prévost, 2012; Talmon, 2004). En fait, pour qu’un immigrant s’intègre culturellement dans son nouveau milieu de vie, il doit maintenir son identité culturelle tout en contribuant à la culture dominante (Berry, 1999 ; Ringel et al., 2005). Par contre, pour y arriver, la société d’accueil doit lui offrir des lieux d’affirmation et de mise en valeur de son identité culturelle en vue de favoriser un contact social interculturel (Guilbert, 2009; Lewis, 2015). Des chercheurs québécois ont expérimenté des pratiques de médiations interculturelles par le biais du théâtre (Guilbert, 2009), de la danse (Lapointe Therrien, 2008) et de la musique (Prévost, 2012; Talmon, 2004). Ces études ont observé des retombées positives sur l’ouverture à l’autre, le rapprochement interculturel et le développement d’un sentiment d’appartenance à la société d’accueil.
Troisièmement, sur le plan de la sensibilisation de la population locale à l’égard des réfugiés, participer à des activités musicales favoriserait la compréhension mutuelle et la reconnaissance de l’autre (Guilbert, 2009; Lapointe-Therrien, 2008; Prévost, 2012), car elles exigent une collaboration entre les personnes (Zharinova-Sanderson, 2004). À titre d’exemple, la Norvège a implanté des programmes musicaux interculturels visant à contrer le racisme dans plusieurs écoles qui ont eu pour effet de renforcer les relations entre les divers groupes culturels étudiés (Bergh, 2010; Skyllstad, 1997).
Quatrièmement, la participation à des projets musicaux contribuerait à la construction de nouveaux réseaux sociaux. Par exemple, Choi (2010) a démontré que la réalisation d’ateliers musicaux axés sur le chant, l’improvisation, l’écoute musicale et l’analyse de chansons a aidé des réfugiés nord-coréens à modifier leur façon d’entrer en relation avec les autres et à développer un sentiment d’appartenance sociale. Toutefois, pour favoriser l’émergence de tels résultats, les activités musicales réalisées doivent reposer sur les caractéristiques suivantes : a) activités non dirigées et réalisées à partir de l’intérêt musical des participants ; b) objectifs communs stimulant l’engagement et la coopération ; c) rencontres répétées et prolongées entre les individus ; d) existence d’espaces de discussion après les activités musicales ; e) liens avec la communauté (Bergh, 2010).
La recherche que nous avons entreprise nous permettra d’avancer de nouveaux éclairages sur le potentiel offert par le partage d’activités musicales regroupant des personnes réfugiées et non-réfugiées dans le but de favoriser l’intégration sociale et le bien-être psychologique de réfugiés adultes et non-adultes nouvellement arrivés à Québec.
Mots clés :
Intégration, Interculturel, Vivre ensemble
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