Pratiques, représentations et mémoires diverses du travail social en Belgique (des années 1980 à nos jours)
Année : 2016
Thème : Le travailleur social et l’Etat social : entre volonté d’autonomie, posture critique et demande d’intervention publique
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
Tilly Pierre (Belgique) – pierre.tilly@uclouvain.be
Résumé :
A l’heure où nous vivons d’importants bouleversements économiques, financiers, politiques et écologiques sur la scène internationale, comment peut-on alors générer de nouveaux de droits sociaux et une nouvelle citoyenneté sociale susceptibles de relier protection sociale et promotion sociale ? Pour le travailleur social d’hier comme aujourd’hui, cela implique entre autres de s’interroger sur le renouvellement de ses pratiques et actions de terrain mais aussi de ses rapports avec l’Etat qu’il soit social actif ou accompagnant.
C’est le rapport complexe alternant volonté d’autonomie, posture critique et demande d’intervention publique existant entre le travailleur social, la société civile et l’Etat qui est au cœur de cette proposition de communication. Convaincu de l’intérêt d’une démarche socio-historienne partant des années 1980 comme période clé en termes de basculement (diminution de la taille des institutions et éclatement en petites entités autonomes ou semi-autonomes, développement des pratiques en milieux ouverts et travail en réseau), cette communication veut prendre en compte la question des mémoires professionnelles d’un secteur qui en manque cruellement, ce qui pose inévitablement la question de son ou ses identités. L’idée est de faire des ponts entre un passé pas si lointain et les réalités contemporaines des métiers du travail social. La perspective sociohistorique privilégiée ici permet d’échapper à toute tentation substantialiste consistant à faire du travail social une sorte d’invariant inscrit dans l’éternité d’une nature humaine. Elle souligne, au contraire, son caractère construit et contingent que manifeste notamment, sa sensibilité aux enjeux et changements sociaux qui ponctuent la société dont il est issu. Il nous paraît donc pertinent de revisiter le contexte socio-historique de l’émergence, de l’évolution et des mutations du travail social tout en prenant acte de l’autonomie relative du champ professionnel et institutionnel du TS au cours de cette période marque par le passage de l’Etat providence vers l’Etat social actif ou l’Etat accompagnant. Quelles sont les principaux enseignements, points de continuité ou de rupture, questions qui se dégagent en regard de la situation présente au niveau des pratiques et du sens de l’action sociale ? En quoi cela modifie-t-il, altère-t-il, renouvelle-t-il la nature des services rendus par le travail social ?
Cette communication tout en s’appuyant sur des recherches académiques sur l’histoire sociale se base sur un travail d’enquête sur les métiers du social des années 1970 à nos jours en Belgique menée en vue de la réalisation d’un module pédagogique à destination des étudiants sur ce thème. Plusieurs approches ont été développées dans ce cadre, à savoir les lieux et les instruments d’expression des professionnels du secteur, comment ils (se) racontent leur profession (représentations) et l’évolution des pratiques en les replaçant dans leur environnement institutionnel, politique et socio-économique.
En articulant un terrain d’études historiques, une conceptualisation sociologique et historique et un corpus de sources (constituées d’archives écrites, visuelles ou d’entretiens), cette communication vise à interroger la problématique qui porte sur la mémoire( supposée faible) des métiers du social, de ses pratiques, de ses représentations dans le contexte évoqué en les croisant avec la parole et les pratiques des TS dans la période 1980-1990 afin de mieux comprendre les épreuves et les réactions des intervenants sociaux dans un contexte de mutations de l’Etat social à l’échelle nationale et internationale. Face aux logiques de management hyper-gestionnaires et au registre néo-libéral, voire de chalandisation de l’intervention sociale , les intervenants sociaux sont-ils apathiques, impuissants, conformistes ou bien développent-ils des formes d’analyse critique de leur action, des stratégies de résistance, des capacités d’expérimentation et d’innovation ?
Mots clés :
Acteurs, Politique sociale, Intervention sociale et travail social, citoyenneté sociale
Etat social
mémoires professionnelles
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