Transmettre la solidarité à travers la recherche participative
Année : 2016
Thème : Les défis d’une recherche-intervention sur la parentalité en situation de toxicodépendance
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
COLOMBO Annamaria (Suisse) – annamaria.colombo@hefr.ch
Fontannaz Patricia (Suisse) – pfontannaz@relais.ch
Résumé :
Cette communication porte sur une expérience de recherche participative qui poursuivait le double objectif de produire des connaissances et de créer les conditions permettant l’expérimentation, l’accompagnement, l’encouragement ou l’émergence de formes de solidarité. Cette recherche-intervention visait à identifier et comprendre les enjeux de la parentalité en situation de toxicodépendance, du point de vue des mères et des professionnel-le-s qui interviennent auprès d’elles.
Les points de vue de cinq mères aux profils variés de la région de Lausanne (Suisse) et de dix-sept professionnel-le-s qui les accompagnent, issus de différents domaines, ont été récoltés parallèlement, à travers des entretiens. Les données ont été analysées à partir d’une grille des repères normatifs inspirée de la sociologie des représentations (Jodelet, 1989) et des travaux de Karsz (2004) et de Parazelli (Colombo, Pulzer et Parazelli, 2016), croisée avec le modèle des dimensions de la parentalité proposé par Houzel (2000).
S’inscrivant dans la suite d’actions visant à soutenir la mobilisation de mères en situation de toxicodépendance, cette démarche se voulait d’emblée participative. D’une part, nous souhaitions impliquer le plus possible les mères concernées dans la démarche, puisqu’elles l’avaient initiée et étaient directement concernées. Deuxièmement, nous voulions impliquer les professionnels, de manière à les sensibiliser et à encourager une approche transdisciplinaire et décloisonnée de cette réalité.
Or, rares sont les recherches qui impliquent non seulement les professionnels de terrain, mais également les publics concernés, surtout lorsqu’ils sont particulièrement vulnérables, comme des parents en situation de toxicodépendance. Comme le souligne Laot (2002), souvent seule l’expertise du chercheur est considérée comme légitime dans la construction d’un processus de recherche. Lorsque des acteurs de terrain sont sollicités, ce sont la plupart du temps des professionnels du travail social, voire les décideurs politiques. De même, les résultats produits par la recherche sont restitués le plus souvent aux décideurs politiques et aux professionnels, mais rarement aux bénéficiaires des interventions en travail social. Par conséquent, c’est surtout aux professionnels qu’ils profitent et rarement aux personnes directement concernées.
Cette expérience peut être comprise comme une modalité de transmission et d’apprentissage, par l’expérience et par l’exemple, des conditions permettant une réelle implication et une participation équitable des différents acteurs concernés, à travers diverses modalités de solidarité sans cesse renégociées et discutées. Une telle posture implique de penser la relation d’enquête comme un rapport d’échanges sociaux, non marchands mais fortement symboliques (Hardy, 2011), où se jouent des rapports de pouvoir et où peuvent se (re)configurer des rapports de solidarité. En montrant concrètement les possibilités d’interactions et de solidarités entre personnes concernées, professionnels et chercheurs, il nous semble qu’un tel processus peut contribuer à l’apprentissage de la solidarité par différents acteurs, ainsi qu’à la construction d’une “culture de la solidarité entre acteur/trice.s concernés par l’intervention sociale” (Appel à communication).
Mots clés :
Solidarité, Transfert des connaissances, Usager
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