Du Travail social au service d’une communauté scolaire solidaire ?
Année : 2016
Thème : Interventions socio-éducatives en milieu scolaire dans des écoles secondaires d’une région franco- et germanophone suisse
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
VON AARBURG Hans-Peter (Suisse)
DINI Sarah (Suisse) – sarah.dini@hevs.ch
Résumé :
L’égalité des chances de réussir son cursus scolaire est toujours loin d’être garantie. Des analyses sociologiques dans le contexte des tests PISA confirment ce constat aussi bien pour l’ensemble des pays de l’OCDE que pour la Suisse (Baier, 2007). Une étude récente le prouve aussi pour le Valais, une région Suisse constituée de deux parties linguistiques, l’une germanophone et l’autre francophone (Steiner, Stalder, & Ruppen, 2014).
Aiguiller les élèves durant leur parcours scolaire vers des positions sociales plus ou moins enviables est une fonction importante de l’Ecole. Jadis celle-ci représentait une institution qui se définissait par la transmission de savoir et par la reproduction des hiérarchies sociales existantes, grâce à une autorité quasi naturelle (Dubet, 2002). Entre temps les publics scolaires et leurs attentes se sont bien diversifiés et ont énormément complexifié les tâches éducatives et sélectives. L’Ecole se voit ainsi contrainte d’investir davantage d’énergie dans le soutien socio-pédagogique des élèves pour remplir ses trois mandats principaux : instruire/¬en¬seigner, former/éduquer et sélectionner (Fend, 2006). Pour ce faire, elle doit redéfinir certaines tâches et collaborer avec des professionnel.le.s qui ne sont pas issu.e.s de l’enseignement (Tardif, Levasseur, 2010).
Les élèves vivent certainement le milieu scolaire de manière très différente : pour les uns, l’école est vécue comme un lieu de reconnaissance et de satisfactions, pour d’autres, elle est une source de déceptions quotidiennes qui menacent leur estime de soi (Vogel, 2006). De plus, beaucoup de frustrations sont créées par une inégalité des chances de réussir les promesses des parcours scolaires, due à une appartenance à un milieu socio-économique défavorisé. Les aspirations des jeunes représentent une énergie énorme et alimentent autant l’intégration des jeunes dans la société que la cohésion sociale. Bien connaître et gérer le destin des aspirations sert ainsi autant à promouvoir l’intégration individuelle que la stabilité et l’innovation sociale. Depuis que Goffman (1997) l’a introduit dans les sciences sociales peu après la Seconde Guerre mondiale, le terme « cooling out » ou « refroidissement des attentes » est utilisé pour décrire et théoriser les processus qui découragent les élèves et les étudiants aux aspirations de formation trop ambitieuses (Duru-Bellat & van Zanten, 2012, p. 57).
Notre communication repose sur les résultats d’une étude réalisée en 2015/16 portant sur les interventions socioéducatives de deux groupes professionnels au sein des écoles valaisannes du niveau secondaire: les enseignants-médiateurs/enseignante-médiatrices et les professionnel.le.s du travail social (Travail Social en Milieu Scolaire, Travail Social Hors Murs, Animation Socio-Culturelle). A partir d’entretiens et d’observations nous avons tenté de saisir les activités concrètes de ces deux groupes professionnels qu’elles soient de type administratif ou éducatif. Le terrain d’enquête concerne les « paysages éducatifs » de 8 communes, dont 5 francophones et 3 germanophones. 25 professionnels ont été interrogés sur leurs pratiques quotidiennes.
Notre proposition interroge les positionnements de ces professionnels, confrontés notamment à la fonction sélective de l’Ecole. Comment les professionnels sont-ils concernés par la sélection? Comment ces professionnels tiennent-ils compte des aspirations des élèves dans leur gestion quotidienne des problématiques ? Dans quelle mesure des frustrations diverses que nous supposons auprès des élèves sont perçues et traitées par les professionnels en charge de leur soutien socio-pédagogique.
A travers l’étude du travail quotidien des médiateurs et des travailleurs sociaux, nous soulevons finalement la question de savoir si l’Ecole remplit sa promesse de considérer et d’inclure les attentes et aspirations de tous les élèves, si le « nous » de la communauté scolaire est solidaire avec tous ces publics.
Mots clés :
Egalité de chance, Justice sociale, Médiation, milieu scolaire
école
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