Le bénévolat dans la lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées : une pratique sociale pour prendre en compte la vulnérabilité de soi et de l’autre.

Année : 2016

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CREVIER Marie (Canada) – marie.crevier@usherbrooke.ca
Beaulieu Marie (Canada) – marie.beaulieu@usherbrooke.ca
Le Borgne-Uguen Françoise (France) – francoise.leborgne-uguen@univ-brest.fr

Résumé :

Objet : La politique du vieillissement actif fait la promotion de la participation sociale des aînés, insistant sur l’influence de cette participation sur la santé et sur le bien-être. Néanmoins, les possibilités de participation sociale seraient plus limitées chez certains aînés. En clair, ceux qui disposent de moins de ressources sociales sont plus susceptibles de participer socialement lorsqu’ils sont invités à s’inscrire dans des organisations formelles. Si l’action bénévole est une forme de solidarité qui renvoie à une logique de don gratuit et librement effectué, elle peut également relever de la responsabilité morale. Par ailleurs, le bénévolat des aînés prend une pertinence particulière si on l’envisage dans une optique de réciprocité qui favorise la création de liens sociaux et de solidarité. Cette réciprocité est alors une réponse au caractère fondamental de la vulnérabilité, laquelle remet en question l’opposition entre autonomie et indépendance d’une part, et d’autre part vulnérabilité et dépendance; les uns et les autres étant concernés par ces différentes postures, selon leur contexte social et le moment du cours de leur vie. Néanmoins, ce bénévolat peut aussi être une source possible d’exclusion, mettant l’accent sur le déséquilibre entre les injonctions de cette réciprocité et les ressources sociales plus ou moins limitées des aînés. Cette notion de réciprocité qui est au cœur du bénévolat, permet de l’entrevoir sous l’angle du care, qui propose une façon particulière d’aborder la vulnérabilité. Par ailleurs, le bénévolat chez les aînés s’inscrit dans un aller-retour entre soi et l’autre, permettant d’assumer sa vulnérabilité tout en assumant celle de l’autre. Plus précisément, le bénévolat dans la lutte contre la maltraitance envers les aînés, une forme d’action bénévole exercée par et pour les aînés, constitue une voie particulièrement intéressante pour penser la réciprocité possible dans ces cadres sociaux. But : Cette communication présente les résultats d’une étude qualitative en cours qui cherche à comprendre en quoi le care peut permettre de penser l’action bénévole dans la lutte contre la maltraitance envers les aînés. Méthodologie : Cette étude qualitative exploratoire s’intéresse au point de vue des aînés bénévoles de même qu’aux coordonnateurs d’organismes sans but lucratif (OSBL) et de programmes dédiés à la lutte contre la maltraitance. L’étude comporte deux phases de collectes de données : Une première phase a eu lieu à l’automne 2014 et une deuxième phase a eu lieu au printemps 2016. Au total, 25 entrevues semi-dirigées (18 aînés bénévoles et 7 coordonnateurs de programmes ou d’organismes) ont été réalisées. Résultats : Les résultats préliminaires montrent que les bénévoles qui s’engagent dans la lutte contre la maltraitance sont guidés à la fois par des motivations personnelles et des motivations altruistes. Par ailleurs, si la motivation de vouloir aider autrui est partagée par l’ensemble des bénévoles, tous secteurs confondus, cette préoccupation est encore plus présente chez les bénévoles engagés dans la lutte contre la maltraitance, étant donné le caractère sensible de la problématique qui concerne les aînés vulnérables. La plupart des bénévoles s’engagent tout d’abord parce qu’ils sont préoccupés par la problématique de la maltraitance que subissent les aînés vulnérables, ce qui traduit leur responsabilité morale, qui est au cœur de la théorie du care. Plus précisément, les bénévoles sont motivés par un désir de réciprocité, c’est-à-dire de redonner ce qu’ils ont reçu (giving back), ce qui leur permet d’assumer leur vulnérabilité tout en assumant celle de l’autre. Discussion : Il importe de tenir compte de cette notion de réciprocité pour penser l’accueil, le recrutement, la formation et l’encadrement des bénévoles, ce qui permettrait de favoriser la participation sociale d’un plus grand nombre d’aînés dans la lutte contre la maltraitance, à la faveur d’une solidarité accrue.

Mots clés :

Action communautaire, Le travail de care, Responsabilité, Participation sociale

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