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La prise en compte de la parole des jeunes en France suivis au sein de dispositifs très désinstitutionnalisé

Année : 2016

Thème : Décupler l'efficacité des réseaux de solidarité autour des jeunes grâce aux stratégies d'empowerment

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

QUINQUIS Ludovic (Canada)

Résumé :


La prise en compte de la parole des jeunes en France suivis au sein de dispositifs très désinstitutionnalisés

Cette communication se basera sur le croisement d’une expérience d’une douzaine d’années en tant que travailleur social à Marseille auprès de jeunes âgés de 16 à 25 ans et sur une recherche menée en vue de l’acquisition d’un Diplôme d’Etat d’Ingénierie Sociale obtenu en décembre 2016, recherche portant sur l’inclusion des jeunes dans les processus d’accompagnement qui les concernent au premier chef.

Nous aborderons la place que peut occuper la solidarité autour d’une personne inscrite dans un projet d’insertion et de quelle manière un changement du paradigme d’accompagnement, de la « prise en charge » à la « prise en compte », permet d’utiliser ce puissant levier.

Nous commencerons notre communication en dressant un rapide constat de l’intervention sociale auprès des jeunes actuellement à Marseille à partir d’observations empiriques réalisées sur différents lieux et dispositifs : service d’accompagnement à l’insertion professionnelle, Maison d’Enfants à Caractère Sociale, Foyer de Jeunes Travailleurs, Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale « jeunes », Espace Santé Jeunes.

Nous verrons de quelle manière il est possible de généraliser notre propos à toute la France à partir de la structuration de l’offre sociale présentement observée à Marseille. Nous verrons que par-delà le transfert de compétences entre l’Etat et certaines collectivités, une organisation en « tuyaux d’orgue », cloisonnée, s’est maintenue [LAFORE, 2013], fragilisant notamment la protection de l’enfance désormais supportée par les Départements.

Un grand nombre d’acteurs privés, principalement organisés sur le statut d’associations loi 1901 (sans but lucratif) interviennent désormais dans une logique de projet, démultipliant les propositions. Pour mettre du sens dans les trajectoires des personnes, la notion de "parcours" est venue organiser les différentes séquences que traversaient les usagers [DAUPHIN, 2009]. Autour de la notion de parcours, il a été possible de déployer, ou de réactualiser d’autres notions comme celle du « projet individuel personnalisé » qui permet, dans la relation aux personnes accompagnées, d’organiser les étapes d’accès à l’indépendance. Mais ces initiatives, de par les difficultés des acteurs à coopérer déjà entre eux [DHUME, 2006], n'ont pas offert aux jeunes une véritable place d'experts de leurs parcours. Ce dernier point était une hypothèse de notre recherche, elle a été confirmée à la fois par les professionnels évoquant de leur positionnement mais aussi les jeunes retraçant leurs trajectoires.

Or, nous avons pu observer qu’un accompagnement basé sur une prise en charge des personnes plaçait les professionnels comme les garants principaux de la réussite du projet d’insertion. Ainsi, les ressources dont les jeunes disposent, particulièrement en termes de réseau d’entraide, sont négligées et utilisées de façon marginale. Cette solidarité permet pourtant de devenir capitale dans leurs parcours en créant de la liaison, et donc de la continuité, entre deux accompagnements proposés par des structures différentes et à défaut d’acteurs capables d’avoir une vision globale, ou n’ayant pas le mandat pour.

Cette activation des réseaux de solidarité passe par leur reconnaissance et particulièrement une prise en compte de la parole des jeunes où le travailleur social deviendrait le partenaire de son accompagnement, et le jeune le premier expert. Cela peut se formaliser à la fois par l’adoption d’une certaine posture lors des entretiens individuels, posture que nous essaierons d’esquisser lors de notre communication, mais aussi à l’occasion d’ateliers collectifs dont nous avons pu être le témoin et participant et dont nous relaterons l’expérience.



Mots clés :

Autonomie, Co-construction, Quête du sens

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