Gélineau Lucie (Canada) – lucie_gelineau@uqar.ca
Desgagnés Jean-Yves (Canada) – Jean-yves_Desgagnes@uqar.ca

Depuis 2013, des acteurs du territoire rural de chaudière-Appalaches (Québec) travaillent à mettre en œuvre un collectif de recherche participative sur la pauvreté en milieu rural. Regroupant des experts et des expertes de la pratique de l’intervention sociale, du vécu de pauvreté et de la recherche académique, ce collectif a pour mission de « coproduire des connaissances au carrefour des pratiques sociales, de la ruralité et de la pauvreté en vue de contribuer au mieux-être des personnes et des collectivités rurales [dans une perspective de changement social]. Le Collectif s’intéresse aux expertises des personnes en situation de pauvreté, de même qu’aux pratiques sociales tant individuelles, de groupe que collectives des acteurs sociaux concernés, notamment ceux issus de la société civile, du réseau de la santé et des services sociaux, du milieu communautaire, du monde municipal et du secteur de l’éducation. » (Collectif de recherche participative sur la pauvreté en milieu rural, 2016).

Un des défis dans la mise en place de tels collectifs, et de la création des solidarités qu’ils supposent, demeure celui de la prise en compte de la parole de toutes et de tous et, plus particulièrement, de la valorisation et de la reconnaissance des expertises diversifiées tenant compte de l’existence de rapports de pouvoir liés à la production de la connaissance ((Freire, 1982; Tandon, 2002 ; Gélineau, Dufour, & Bélisle, 2012) et de ceux liés à l’intervention sociale (Ninacs, 1995; Sakamoto & Pitner, 2005). Ce défi est présent lorsque vient le temps de penser le projet collectif (ici le Collectif de recherche), de réaliser des projets de recherche, tout comme de favoriser l’appropriation des connaissances produites. Un autre défi demeure celui d’assurer la reconnaissance des résultats tant en matière de rigueur scientifique par les pairs des milieux académiques, qu’en matière de faisabilité et pertinence par les pairs des milieux de pratique et de légitimité par les pairs citoyens. Une des clefs pour y arriver nous semble être celle de la création d’espaces de (co) analyse ou d’analyse collective (Cornish, Gillespie, & Zittoun, 2013; Van Campenhoudt, 2009; Mukamurera, Lacourse, & Couturier, 2006; Groupe de recherche Quart Monde-Université, 1999).

En nous appuyant sur des expériences concrètes d’analyse collective ayant pris forme lors du Forum « pauvreté-ruralité » et lors de deux projets de recherche-action participative menés dans la région de Chaudière-Appalaches sur les territoire des MRC de Lotbinière et des Etchemins visant à comprendre le rapport de personnes en situation de pauvreté à l’intervention sociale en contexte de ruralité, nous souhaitons saisir l’occasion du colloque de l’AIFRIS pour réfléchir sur les enjeux des analyses collectives, c’est à dire ce qu’on peut y gagner ou perdre : en matière de consolidation des solidarités, de changements de pratiques, de pouvoir d’agir, ou tout simplement de production et d’appropriation des connaissances. Deux exemples seront particulièrement explorés : 1) celui de l’utilisation de la poésie comme vecteur permettant de révéler des savoirs diversifiés en matière de pauvreté ; 2) celui d’un espace d’analyse croisée regroupant intervenants sociaux, personnes en situation de pauvreté et chercheurs, afin de réfléchir sur la nature de l’intervention sociale en milieux de pauvreté et de ruralité.

À l’issue de cette présentation, les participants auront pu prendre connaissance, en s’appuyant sur des réalisations du Collectif de recherche, d’enjeux entourant la mise en place d’espaces d’analyse collective de même que de résultats saillants entourant les vécus de pauvreté et les interventions en milieux ruraux.

Zone rural, Pauvreté, Méthodologie, Analyse collective