CASTELLI Stéphane (Suisse) – stephane.castelli@hesge.ch
ANTONIADIS André (Suisse) – andre.antoniadis@eesp.ch
Petitpierre Bastien (Suisse) – bastien.petitpierre@hefr.ch

La thèse du désengagement social s’immisce en travail social alors que plusieurs postulent que nous sommes dans une ère de modernité liquide (Baumann, 2007) ie de décomposition des solidarités familiales et communautaires. Dans cette logique, les technologies numériques (logiciel, Web, téléphone intelligent, etc) participeraient à cette montée de l’individualisme.

Mais a contrario un discours se distancie pourtant de cette logique. Le paradigme des usages (Jauréguiberry et Proulx : 2011) prétend qu’il vaille la peine d’examiner ce que font les individus, familles et collectivités de ces technologies avant de conclure à la fragmentation sociale à l’ère numérique. Sans cet angle mort qu’imposait la thèse du désengagement social, il sera permis de révéler la recomposition possible des solidarités sociales entre autres celles qui sont médiées par les technologies numériques.

Si les intervenant.e.s du champ du travail social participent à cette recomposition des solidarités, il est alors légitime de se demander si elles et ils le font par des usages de technologies numériques : Quels sont les usages des technologies numériques par les intervenant.e.s du champ du travail social ? De quelles façons ces usages participent-ils à la recomposition des solidarités sociales ? Quels sont les enjeux éthiques qui s’en dégagent ?

Une recension d’écrits en travail social 1985-2015 (Jochems, Gonin et D’Amours : 2016) met en relief différentes pratiques d’intervention sociale médiées par les technologies numériques qui se déploient sous les angles de la gestion des services sociaux, de la méthodologie de l’intervention sociale ou encore de l’enseignement et de la recherche en travail social. Plusieurs objets technologiques sont utilisés au fil du temps : ordinateurs, logiciels experts, Web, les médias sociaux, les téléphones intelligents, etc. Mais ce sont leurs usages qui révèlent les pratiques sociales.

Le concept d’usages des technologies socio-numériques permet de s’intéresser aux expériences individuelles et collectives, de comprendre les rapports qu’entretiennent les intervenants sociaux aux technologies numériques et d’en saisir les contextes d’utilisation. Autrement dit : que font les humains et les professionnels de ces technologies, comment négocient-ils leurs utilisations et comment se les approprient-ils ?

Aussi, cette communication rend compte de résultats préliminaires d’une recherche-action exploratoire auprès d’intervenant.e.s dans le champ du travail social en Suisse romande dont les groupes de discussion se sont tenus à l’hiver 2017. Cette communication met l’accent sur les enjeux éthiques des usages des technologies numériques en travail social. Ces résultats issus de l’équipe romande sur les enjeux éthiques des usages des technologies numériques en travail social se déploient dans différents pays : Canada (Québec), Belgique (Bruxelles), Suisse (Genève, Lausanne, Fribourg) et Île de la Réunion.

Éthique et déontologie, Lien social, Réseau, Technologies numériques Médias-sociaux