Le stage à l’étranger comme détour réflexif sur son engagement solidaire : les effets de la mobilité internationale au Québec

Année : 2016

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

TERRIER Eugénie (France) – eugenie.terrier@askoria.eu
DUPERRE Martine (Canada) – martine.duperre@svs.ulaval.ca
NADEAU France (Canada) – France.nadeau.ciussscn@ssss.gouv.qc.ca

Résumé :

Il s’agira dans cette communication de présenter les résultats d’une étude exploratoire conduite entre 2013 et 2016 dans le but de produire des connaissances sur les effets des mobilités internationales pour études dans le secteur de l’intervention sociale, plus particulièrement pour les étudiants-stagiaires et pour les organisations qui les accueillent. Cette recherche s’inscrit dans le cadre d’un partenariat initié en 2005 entre des organismes de formation en travail social français et des centres jeunesse québécois. Jusqu’à la toute récente transformation de la structure québécoise de dispensation de services de santé et de services sociaux, ce partenariat regroupait cinq organismes de formation en travail social français (ASKORIA en Bretagne et 4 Instituts régionaux du travail social de Basse-Normandie, Lorraine, Poitou-Charentes et Réunion) et cinq centres jeunesse du Québec (Québec, Montérégie, Gaspésie, Saguenay-Lac Saint-Jean, Estrie).
L’analyse de la littérature scientifique a montré qu’en raison de la recrudescence de la mobilité des personnes, les chercheurs en sciences sociales s’intéressent de plus en plus aux causes, aux formes et aux effets de la mobilité internationale pour études. Une des hypothèses principales posées renvoie au fait que la mobilité spatiale permettrait d’accumuler un certain nombre de ressources, constituées à la fois de savoirs et de compétences (Murphy-Lejeune, 1998 ; Ceriani, 2003 ; Stock, 2006; Erlich, 2012). Afin de tester cette hypothèse dans le cadre de la formation en travail social, une enquête a été menée : 16 jeunes professionnels français ayant fait l’expérience d’un stage dans un centre jeunesse au Québec ont été interviewés quelques années après leur mobilité à partir de la méthode des récits de vie. Au Québec, une enquête a été menée auprès de professionnels ayant accueilli et accompagné des étudiants français. Les personnes ciblées au Québec pour les entrevues individuelles étaient des gestionnaires (4), des accompagnateurs (9) et des superviseurs (7) des stagiaires.
L’analyse croisée des résultats met tout d’abord en évidence en quoi la rencontre interculturelle entre les stagiaires français et les professionnels québécois représente un levier de réflexivité vis-à-vis des pratiques et des valeurs. La manière d’être des professionnels québécois est par exemple présentée par les interviewés français comme un «modèle de posture professionnelle» envers les personnes accompagnées (usagers). Ils découvrent par ailleurs des théories moins abordées en France comme l’approche cognitivo-comportementale, l’approche systémique ou encore l’intervention relationnelle basée sur les troubles de l’attachement. D’autres présentent un regard critique sur certaines pratiques québécoises jugées parfois trop normatives ou coercitives. Les différences culturelles entre les deux pays provoquent questionnements, voire positionnements que cela soit pour les étudiants ou pour les professionnels qui les accueillent. En effet, les superviseurs (accompagnateurs de stages), éducateurs et équipes de travail se retrouvent aussi à réinterroger leurs référentiels face aux manières de faire en France rapportées par les stagiaires.
La recherche montre cependant que les effets de ces apprentissages liés à la découverte interculturelle semblent limités par un manque d’accompagnement et de valorisation de ces acquis par les institutions, organismes de formation ou structures d’accueil. Plusieurs interviewés français témoignent d’une difficulté à parler de leur expérience québécoise une fois rentré en France. Même si plusieurs se félicitent d’avoir une nouvelle boîte à outils méthodologiques, certains professionnels rencontrés ne savent pas vraiment s’ils ont réussi ou pas à retranscrire des pratiques québécoises en France. Suite à la présentation des résultats, la communication présentera en conclusion les recommandations que l’équipe de recherche a formulées à partir des différents constats observés.

Mots clés :

Interculturel, Formation, Relation transnationale

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