Détecter et orienter les personnes victimes et auteures confrontées à la violence dans le couple : De la responsabilité sociale des intervenant.e.s sociaux aux pratiques solidaires

Année : 2016

Thème : Les pratiques de détection et d'orientation des situations de violence dans le couple par les intervenant.e.s sociaux soutien l'accessibilité au réseau d'intervention spécialisé et permet de répondre aux besoins des personnes victimes et auteures.

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

LORENZ COTTAGNOUD Susanne (Suisse) – susanne.lorenz@hevs.ch
FLUEHMANN Christophe (Suisse) – christophe.fluehmann@hefr.ch

Résumé :

La violence au sein du couple nuit à l’ensemble des personnes concernées. La santé des victimes se détériore (Campbell, 2002; Dutton & al., 2006 ; Gloor & Meier, 2004 & 2007;Halpérin, 2003), de même que leur participation sociale, leur qualité de vie et/ou leur productivité (Egger & Schär Moser, 2008; Halpérin & Bron, 2007; Hofner & Mihoubi-Culand, 2008; Nectoux & al., 2010). Elles démontrent aussi une vulnérabilité sociale accrue au point de dépendre plus fréquemment que d’autres groupes sociaux des assurances sociales (Halpérin, 2003). Ces constats concernent aussi les personnes auteures (Halpérin, 2008; Halpérin & Bron, 2007).

En Suisse, les politiques publiques misent sur un arsenal de différentes mesures pour lutter contre cette violence. Le cadre légal marque l’interdit de l’acte de violence et veut responsabiliser l’auteur.e, tout en protégeant la victime (Mösch Payot, 2008; Schwander, 2015). S’y ajoute une série d’institutions sociales qui proposent un soutien ciblé. Les protocoles de détection des victimes développés dans le champ médical complètent ce dispositif (Fausch, S. & Wechlin, A., 2000).

Plusieurs constats montrent que ce système n’est pas optimal. Si une part importante des interventions policières donne lieu à des inculpations (OFS, 2015), environ deux tiers d’entre elles font l’objet d’un classement judiciaire (Aebi & al., 2016). Les victimes sont bien plus nombreuses que leur partenaire à solliciter un soutien (Bourgoz & al, 2015). Une victime sur quatre s’adresse à un.e professionnel.le (Killias & al., 2013), parmi lesquel.le.s figurent les intervenant.e.s sociaux (Dubé & al., 2005; Seith, 2003; Romito, 2003). Ces dernier.e.s ne détectent pas systématiquement la violence vécue, ni n’adaptent leurs interventions. Il apparaît au final que les professionnel.le.s tendent à adopter une posture différente envers les femmes (Hansen et Reekie, 1990, cités par Tremblay et L'Heureux, 2010). Leurs attitudes s’avèrent plus soutenantes envers les victimes que face aux auteur.e.s (Lorenz & al., 2013).

Les réponses données aux personnes confrontées à la violence dans le couple s’avèrent ainsi dichotomiques : si les victimes bénéficient d’un soutien, d’une protection et d’un accompagnement solidaire, l’action à l’égard des auteur.e.s vise en premier lieu la judiciarisation et le contrôle social. Certains enjeux ne sont pas pris en compte, la sanction n’impliquant pas nécessairement la responsabilisation de l’auteur.e (Logar & al., 2002 ; Sévérac, 2009) et son effet dissuasif étant limité dans le temps (Babcock et al., 2004). De plus, la plupart des victimes, même si elles s’adressent aux autorités judiciaires, estiment les soins plus appropriés qu'une arrestation (Myers, 1998). Comment alors favoriser l’accès à une intervention ciblée sur la violence pour les deux partenaires? La question se pose, sans banalisation aucune des actes commis.

Cette communication entend présenter une étude qui s’intéresse aux pratiques de détection et d’orientation de professionnel.le.s du Travail social, notamment sous l’angle des stratégies pour repérer les situations de violence et accompagner les personnes concernées auprès d’un service spécialisé de prise en charge des victimes, respectivement des auteur.e.s. Elle aborde la question de la transformation des solidarités en partant des enjeux caractérisant l’intervention en Travail social auprès des personnes concernées par la violence au-delà de leur position de victime ou d’auteur. Le focus mis sur la détection et l’orientation permet de reconnaître le droit des deux partenaires d’être soutenu.e.s pour que chacun.e développe les facteurs de protection nécessaires à la cessation de la violence, et ce indépendamment de l’action des autorités judiciaires. Ce changement de paradigme vise en premier lieu l’accès à un soutien ciblé pour mieux répondre aux besoins de l’ensemble des personnes confrontées à la violence
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Mots clés :

Intervention sociale et travail social, Solidarité, Justice sociale, Détection, Orientation accompagnée

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