POLLEFAIT Roland (Belgique) – rpollefait@heb.be

La présente communication aura pour but de montrer comment une expérience de recherche-action auprès de professionnels du social et d'usagers aux réalités nationales différentes qui avait pour but de favoriser le développement du pouvoir d’agir a pu ou non considérer sa juste valeur la vulnérabilité des participants par la création de liens solidaires entre les membres.

Le dispositif de recherche menée de septembre 2014 à septembre 2016 avait pour but de proposer à des travailleurs sociaux (principalement des éducateurs), des formateurs d'éducateurs et des personnes en situation d'exclusion sociale provenant de six pays tels que la Pologne, la France, l’Espagne, la Roumanie, l’Italie, la Belgique francophone et néerlandophone de participer à une recherche-action ayant pour thème « le développement du pouvoir d'agir auprès des personnes en situation d'exclusion sociale ». Tous les participants étaient des personnes proposées par les institutions partenaires du réseau Educ-Europe coordinateur du projet financé par le programme Erasmus+ portant sur les apports du développement du pouvoir d'agir des individus et des collectivités comme philosophie de travail social.

Deux groupes d'acteurs-chercheurs furent donc constitués. Le premier a œuvré pendant deux fois une semaine en résidentiel, en novembre 2014 et en mai 2015, le second en novembre 2015 et en février 2016. Les auteurs de la communication ont été les animateurs de ces groupes soit lors de la première année, soir lors de la deuxième année.

La présente visera à présenter l'analyse de la méthodologie adoptée part les animateurs que nous étions. Cette méthodologie de recherche-action a certes insisté sur la définition d'une problématique commune, les actions à expérimenter par tous dans leur réalité nationale, l'analyse des résultats obtenus, etc. Par ailleurs, nous avions été particulièrement attentifs à la création d'une authentique dynamique de groupe afin de « faire cause commune ». Pour ce faire, nous avions soigneusement anticipé et aménagé des espaces-temps informels afin de favoriser des rencontres authentiques de personne à personne au-delà des étiquettes (professionnels, usagers, formateurs). Nous concentrerons notre analyse sur l'impact de ce second aspect méthodologique qui a eu pour conséquence d'ouvrir les vannes de la vulnérabilité des participants.

Les relations créées furent intenses et fortes, un sentiment d'appartenance au groupe a émergé suite au dévoilement par chacun de ses bleus et bosses. Les fragilités furent exposées et soumissent au regard de tous en échange d'un lien de solidarité proposé en contrepartie.

Au regard du concept de vulnérabilité définit d'une part par Robert Castel et sur la conception des configurations sociales de vulnérabilité de J-Y Barreyre (s'appuyant lui-même sur N. Elias), nous tenterons de mesurer les risques que nous avons pris en touchant les béquilles qui font tenir debout les participants en en donnant à vivre une recherche-action teintée de la philosophie du développement du pouvoir d'agir proposé par Yann Le Bossé.

Recherche-action, Pauvreté, Conscientisation, capacité et pouvoir d'agir,