Cohabiter dans un contexte de mixité sociale : enjeux et supports

Année : 2010

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

WICHT Laurent (Suisse) – laurent.wicht@hesge.ch
CHRISTE Etienne (Suisse)
BATTAGLINI Monica (Suisse) – Monica.battaglini@hesge.ch

Résumé :

Dans un climat économique européen marqué par l’incertitude, la situation du canton de Genève reste plutôt stable. Cette relative bonne santé économique profite avant tout en matière d’emploi aux personnes hautement qualifiées, sur un marché qui fait la part belle au secteur tertiaire et aux grands groupes multinationaux. Dans le même temps, cette attractivité contribue au développement d’une véritable crise du logement qui se manifeste par un taux de vacances des logements dix fois inférieur aux besoins d’un marché fluide et par une hausse caractérisée du prix de l’immobilier. Dans ce contexte, la pression du coût des loyers s’exerce de manière conséquente sur les budgets des ménages modestes qui rencontrent des difficultés très importantes pour trouver un logement. Ceci alors même qu’en l’espace de vingt ans, la part des logements sociaux est passée de 24% à 10% du parc immobilier du canton (CATI-GE, 2010).

A l’échelle de l’agglomération, s’observe l’émergence de mécanismes de périurbanisation, départ des classes moyennes vers des zones villas et fixation des plus riches dans des communes de la campagne, de relégation des plus pauvres dans certaines zones du territoire, et de gentrification dans le centre de la ville. (Donzelot, 2006).

Pour pallier à cette crise du logement et à ses conséquences, autorités politiques, milieux économiques et milieux de défense des locataires ont coopérés récemment pour réformer les dispositifs législatifs en vigueur afin de favoriser la construction de nouveaux logements selon un principe qui permet l’équilibre au sein d’un même quartier entre logements destinés à la propriété, à la location en loyer libre et en location subventionnée.

Comme bien souvent, ailleurs en Europe, ce projet politique de mixité sociale, est exposé de manière floue (Bacqué, 2006). Il prend presque une forme incantatoire qui part du présupposé qu’à lui seul le brassage d’habitants à revenus différenciés peut garantir la cohésion sociale et éviter les dérives associées au spectre du ghetto, souvent décrit par un processus de mythification (Avenel, 2005 ; Stébé & Marchal, 2009). D’aucune façon, les orientations politiques ne prennent en considération, la perspective désormais bien documentée qui montre que la distance sociale dans une même proximité spatiale, peut être source de conflits et de replis sur soi des différentes catégories de la population d’un quartier (Chamboredon, 1970)

Dès lors, si la mixité sociale ne va pas de soi, il est possible que les habitants d’un quartier diversifié puissent être à même de développer un minimum de référentiels commun pour Vivre ensemble. Ce processus est le fruit d’une construction progressive qui appelle l’appui d’un certains nombre de supports que l’on peut qualifier en termes d’équipements de proximité, (commerces, bibliothèques, maisons de quartier), de vie associative, et de dispositifs de travail social en milieu ouvert (animation socioculturelle, travailleurs sociaux hors murs) (Baillergeau. 2007)

Sur la base des résultats d’une étude d’une durée de trois ans sur les effets de la mixité sociale dans un nouveau quartier de Genève de 2'000 habitants, notre communication s’attachera :

- à décrire les différentes dimensions des mixités sociales à l’œuvre. Nous tenterons particulièrement de documenter le rapport, pas toujours automatique, entre la diversité observée au niveau des variables sociodémographiques et les différentes conceptions de la cohabitation et du vivre ensemble que nous avons pu mettre en lumière.

- à analyser le rôle et les actions des différents supports dont dispose ce quartier pour favoriser la cohésion sociale. Nous développerons en particulier une réflexion quant à la capacité d’accès des différentes catégories de la population de ce quartier aux processus associatifs et participatifs, soutenus par les travailleurs sociaux, et l’association des habitants du quartier, des acteurs aux prises avec des enjeux parfois contradictoires.

Mots clés :

Cohésion sociale locale, Vivre ensemble, Quartier

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