Figures de citoyenneté « active » dans l’avancée en âge : quelles (re)configurations des solidarités dans le vieillir ?

Année : 2016

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

Marchand Isabelle (Canada) – isabelle.marchand@umontreal.ca

Résumé :

Le vieillissement actif s’impose dorénavant comme un cadre référentiel guidant l’action publique des instances supranationales et nationales. Misant sur « l’activation » du citoyen-vieillissant-responsable de sa trajectoire du vieillir, cette nouvelle économie politique du vieillissement pose la citoyenneté « active » des personnes aînées comme un défi pour les prochaines décennies (Marchand, 2016). Or, à l’instar du vieillissement actif, la citoyenneté n’est ni neutre, ni apolitique. Les « nouvelles » questions générées par l’entrecroisement des inégalités de sexe/genre avec d’autres rapports de pouvoir (Siim, 2005), ainsi que les inégalités sociales, participent aux dichotomisations entre une citoyenneté « active » versus « passive », sinon entrave le plein accès aux droits sociaux de la citoyenneté. À cet égard, le prisme État-individu-société civile reste toujours nécessaire pour appréhender la citoyenneté dans un régime sociopolitique donné. Toutefois, cerner la citoyenneté « vécue », ancrée dans les pratiques quotidiennes des personnes qui avancent en âge – tel était notre objectif - nécessite également de la « saisir empiriquement comme un ensemble de processus, comme ‘fabrique’ (Bénéi, 2005) dans laquelle s’entremêlent dimensions statutaire et relationnelle, enjeux d’appartenance et d’engagement » (Gagné et Neveu, 2011 : 8).

C’est dans cette perspective que notre recherche a cherché à comprendre comment se vit, dans le quotidien du vieillir, la citoyenneté de femmes aînées à travers l’activité « du bas », et ce, à la lumière du contexte dominant d’activation de la vieillesse. Cette communication propose de cerner, à travers une partie de résultats de recherche, les dispositifs et les modes de solidarité qui permettent de vivre la citoyenneté dans l’avancée en âge. Nous présenterons d’abord notre schéma conceptuel qui comporte quatre figures de citoyennetés « actives », et nous discuterons ensuite de la (re)configuration des solidarités dans le vieillir, que donnent à voir les figures tracées. À travers celles-ci, nous analyserons également quels fondements et formes revêtent les solidarités, dans l’avancée en âge, au regard des « citoyennetés dominantes » et des « citoyennetés relationnelles », ancrées dans le lien social et les rapports d’interdépendance (Marchand, 2016). Finalement, considérant que les conditions sociostructurelles du vieillir ainsi que celles liées à la santé continuent d’informer l’accès à la pleine citoyenneté, nous conclurons en relevant quelques enjeux relatifs à l’intervention sociale et à son potentiel de développement et de renouvellement des solidarités dans nos sociétés pour tous les âges.

Considérations théoriques et méthodologiques
La présente proposition de communication s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat, laquelle mobilise des ancrages pluridisciplinaires, soit les théories sur l’État, la citoyenneté et les politiques sociales, les perspectives critiques du vieillissement et les études de genre. Une approche narrative qualitative est privilégiée. Nous avons utilisé la méthode des récits de vie pour comprendre les réalités du quotidien telles que vécues par les actrices-sujets (Chase, 2005). Vingt femmes ont été rencontrées. Les critères d’échantillonnage retenus sont d’être une femme âgée entre 60 et 70 ans, d’origine linguistique française et d'être née au Québec. L'échantillon s'inspire de la méthode « de l'écart maximal » afin de rechercher des « cas contrastes » pour optimiser la diversité des récits (Pires, 1997). Tous les récits ont été enregistrés, retranscrits intégralement et restitués à partir de procédures de condensation (Huberman et Miles, 1991). Une analyse comparative (transversale) a ensuite été réalisée entre les récits afin de mettre en relief des logiques d’actions, similaires ou opposées, permettant ainsi la découverte de processus ou mécanismes générateurs de pratiques (Bertaux, 2010).

Mots clés :

Citoyenneté, Politique sociale, Solidarité de proximité, Vieillissement

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