Difficultés d'implication des pères d'enfants ayant une surdité

Année : 2017

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

KIRSCH Sarah (Canada) – esk5566@umoncton.ca
GAUCHER Charles (Canada) – charles.gaucher@umoncton.ca

Résumé :

L’arrivée d’un enfant est pour le couple une période de transition de conjoints à parents que Castelain-Meunier (2005) appelle un remaniement identitaire. Ce remaniement est d’autant plus important lorsque ce moment de transition est accompagné d’un diagnostic de surdité. C’est toutes les perceptions de l’enfant attendu qui sont alors bouleversées (Pelchat, 2012).
Beaucoup de parents ont la sensation de perdre le contrôle de leur vie (Dionne et al, 2006). En effet, ce diagnostic engendre un choc émotionnel auprès de la famille et les parents se construisent des projections futures particulièrement négatives, souvent en lien avec un manque d’informations valides. Le temps après l’annonce de la surdité est le point de départ vers un inconnu (Merucci, 2006). La communication proposée tentera de circonscrire comment ce moment charnière dans le début d’une « nouvelle vie » influence l’engagement parental et plus spécifiquement comment le soutien des professionnels de la surdité peut influer sur la façon dont les pères perçoivent leur rôle en lien avec leur enfant vivant avec une surdité.

Effectivement, une recherche qualitative menée auprès de pères d’enfant ayant une surdité (N= 31) au Canada, en France, en Belgique et en Suisse (Gaucher et Kirsch, 2015-2017) montre que le père de famille passe par différents sentiments vis-à-vis de la différence de son enfant. Leurs perceptions de la surdité peuvent influencer leur perception de l’enfant. Les pères semblent avoir plus besoin d’un recul avant d’assimiler l’annonce. Pour la majorité des pères, cette attitude est un mécanisme mis en place à la suite de l’annonce du diagnostic pour essayer de s’adapter à ce nouveau contexte. Le père doit apprendre à trouver sa place sans nécessairement avoir de véritable accompagnement, que ce soit de sa conjointe ou des professionnels. Bien que le milieu reconnaisse généralement que l’implication des pères par les intervenants assure leur engagement futur dans la vie de l’enfant, ils sont souvent perçus par les professionnels de la santé comme un parent secondaire et une asymétrie dans l’accompagnement offert par les professionnels aux deux parents s’installe dès les premiers contacts avec les services de soutien (Dulac, 2001).

Les résultats de la recherche qui seront présentés dans le cadre de la communication démontrent que l’engagement du père de famille peut être augmenté par un accompagnement adéquat de la part des professionnels et que cet accompagnement a un impact positif sur l’organisation familiale (Squillaci Lanners, et Lanners, 2008). Les parents ont pour objectif commun que leurs enfants deviennent autonomes et les professionnels doivent donner accès aux différentes options existantes pour y parvenir (Goasmat, 2006). Le soutien des professionnels permet donc aux pères d’apprendre à reconnaître les capacités de leur enfant et tout ce qu’ils peuvent, en tant que parent, apporter de plus au sein de la famille. Cet accompagnement permet de répondre aux besoins de reconnaissances mutuelles des deux parents tout en permettant une cohésion dans l’éducation de l’enfant ayant une surdité. Par conséquent, en trouvant leur place, les pères de famille peuvent véritablement s’impliquer dans l’accompagnement de leur enfant au côté de leur compagne. Bien que les domaines d’engagements ne soient pas les mêmes pour les pères que pour les mères, il est important que les professionnels qui accompagnent ces familles prennent en compte le fait que les pères ont généralement le désir (Quéniart, 2003), dès l’annonce du diagnostic, de s’engager à leur rythme dans la nouvelle vie familiale que vient teinter la surdité de leur enfant.

Mots clés :

Changement, Participation, Efficacité

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