Solidarité et processus symboliques dans les organisations humaines
Année : 2017
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
VAN ASBROUCK Bernard (Belgique) – bernard.vanasbrouck@gmail.com
Résumé :
La solidarité, ses modes d’organisation, d’exercice, ses pratiques, constitue un analysant fort des rapports symboliques qui nouent les individus en organisation. Castel (1999) la qualifie de primordiale à la cohérence d’une organisation, au sens de première, de fondement, et qu’elle constitue quelque chose de plus qu’une simple contractualisation entre pairs sous l’égide d’intérêts particuliers. Elle constitue en quelque sorte le ciment qui fait tenir une organisation humaine.
La solidarité, ce lien problématique (Castel, 1999, p32) est multiple et prend des figures diversifiées au sein des organisations humaines. D’une société globale à une petite entreprise, des solidarités sont là dans des formes parfois très contrastées, de corporatisme à universalisme, organiques ou mécaniques, qui se nouent ou se dénouent, se reconfigurent en permanence.
La solidarité, ce « multivers », se présente là comme un organisant fondamental émergent des rapports symboliques de l’homo sapiens avec lui-même, les choses, l’autre et le monde (Couloubaritsis, 2005) qui, dans sa « papote » multimillénaire construit son vivre ensemble. Il le construit par ce processus psychique de représentaction (Robin, 2013), qui des métaphores partagées sur l’expérience du monde crée un symbolique faisant monde pour l’individu et le collectif.
Cette théorie du commérage (Harari, 2015 p.35) nous permet de faire l’hypothèse que la solidarité constitue un code symbolique émergeant des imaginaires humains et qu’elle est consubstantielle au « fait » société. En quelque sorte, dans tout débat politique, économique, culturel ou social, elle est en jeu et constitue donc bien plus qu’une question morale, éthique ou sociale.
Les questions de solidarité ne peuvent dès lors être abstraites des questions économiques, politiques, cultuelles et culturelles. Elles entrent en résonnance avec toutes les mutations qui transforment ces dimensions du vivre ensemble.
Les mutations à l’œuvre aujourd’hui, peuvent donc être analysées comme les mutations de ce lien social qui noue des corps individuels en organisation, mutations qui construisent donc une autre réalité humaine sur toutes ses dimensions.
Mais comment comprendre et rendre compte de ces processus complexes qui unissent solidarité et organisations humaines ?
L’approche proposée part du concept de processus symbolique, processus qui amène à l’émergence du sujet humain comme symbole d’une organisation humaine. (Van Asbrouck, 2016).
Le sujet fait partie de ces figures de l’imaginaire collectif (Giust Desprairie, 2003) et porte le sens commun de ce qu’est un humain dans une organisation donnée. Cette figure du sujet va alors conditionner les références structurantes de ce qui fait solidarité pour cette organisation.
Que le sujet soit l’homme libre de l’Antiquité, le fidèle du Moyen Age, ou encore l’acteur de soi de ce début de siècle, les diverses métamorphoses du sujet au cours de l’histoire (Delruelle, 2004) marquent autant de transformations des logiques et pratiques de la solidarité.
Sur quel sujet symbolique, traduisant un rapport nouveau au réel dans nos sociétés se fondent alors les solidarités nouvelles ?
L’image est encore floue, métissée. Actuellement apparait ce sujet sans appartenance, qui s’affranchi des institutions pour s’identifier ; fruit sans doute de cette généralisation du travail sur soi (Vrancken, Thomsin, 2008) qui marque les politiques sociales actives articulées sur les logiques entrepreneuriales. (Chelle, 2012) Le sujet alors s’identifie par son monde proximal d’une situation particulière sans lien avec un référent universel institué. Il n’est plus porté par un monde mais porte son monde. Les solidarités nouvelles redécouvrent alors les vertus du local, de la proximité agissante et protectrice, posant lourdement la question de la pérennité de l’Etat de droit.
Mots clés :
Solidarité, Société civile, Vivre ensemble, Processus, symbolique, organisations humaines.
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