Au-delà du transfert de connaissances, des chercheures solidaires
Année : 2017
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
Richard Myriam (Canada) – myriam.richard.1@umontreal.ca
CARON Roxane (Canada) – roxane.caron.2@umontreal.ca
BLAIN Marie-Jeanne (Canada) – mj.blain@umontreal.ca
Résumé :
Cette communication se penche sur la solidarité vis-à-vis des populations marginalisées ou fragilisées à travers une réflexion sur la recherche engagée, avec ses enjeux et défis, mais aussi sa pertinence sociale et ses leviers d’intervention. Ces questions sont abordées à partir de notre pratique de la recherche-action participative (RAP) avec des personnes réfugiées ou immigrantes, personnes que nous percevons comme des sujets-acteurs de leurs trajectoires, discours et histoires (Vatz-Laaroussi 2007). Depuis son émergence au 20e siècle, la RAP propose de nouvelles avenues pour l’élaboration de savoirs pratiques et de façons de faire dites libératrices (Bradbury et Reason 2006). Elle s’ancre dans une volonté de repenser la recherche auprès des personnes en situation d’oppression et de discrimination systémique. Elle vise à mettre la réflexion en action en alliant savoir théorique et savoir expérientiel à travers la création de relations de recherche réciproques entre les acteurs concernés (Maiter et al. 2008). Or, malgré cet ancrage «engagé», tout processus de recherche pose des défis : comment penser la recherche de façon solidaire?
Cette communication est issue des réflexions de trois chercheures engagées avec des personnes réfugiées et immigrantes au Québec et au Liban ainsi que d’intervenants qui les accompagnent. M. Richard réalise un mémoire de maîtrise en travail social sur la démarche de RAP impliquant des personnes réfugiées. R. Caron, M-J. Blain et M. Richard collaborent à des recherches menées au Québec en partenariat avec la Table de Concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), notamment sur l’employabilité des personnes réfugiées (Caron, Blain, Rufagari et coll. 2015-2016) ainsi que sur l’intégration des réfugiés syriens parrainés (Rodriguez, Caron, Blain, Rufagari et coll. 2016-2017). Elles sont aussi impliquées dans la création d’outils de formation destinés aux intervenants. R. Caron a réalisé des terrains intensifs auprès de femmes vivant en camps de réfugiés au Liban, en regard des stratégies que celles-ci déploient pour survivre dans ces camps (Caron 2007, 2012).
En tant que chercheures en travail social et en anthropologie, notre pratique est traversée par des valeurs de solidarité, d’engagement et de pragmatisme où le changement social est au cœur de nos démarches. Or, comment permettre aux personnes réfugiées et à ceux qui les accompagnent de faire entendre leurs voix et de s’inscrire comme acteurs à part entière des changements et processus que nous tentons de documenter en tant que chercheures (Bibeau 2009; Paugam 2011)? Comment penser des recherches « valides scientifiquement, mais aussi pertinentes socialement » (Suarez-Herrera et al. 2013)? Ces questions sont plus que jamais nécessaires face à l’effritement du tissu social qu’on observe dans plusieurs endroits du monde qui appelle à une solidarité réflexive et éthique qui place le développement de relations équitables avec les personnes avec qui nous collaborons au cœur de notre pratique (Naudier et Simonet 2011). La RAP apparaît ainsi comme une «voie rigoureuse permettant aux chercheurs professionnels d’être des citoyens socialement engagés au sein de leur communauté» (Dolbec et Prud’Homme 2009: 532).
Notre communication abordera en premier lieu les défis dans la mise en place de la RAP (tant au plan pratique qu’épistémologique), puis ses implications sur le plan de la coconstruction, du transfert et de la diffusion des connaissances (ex. : implications pour les chercheures, limites de traduction des savoirs ou négociations engendrées). Nous terminerons sur des réflexions quant à l’engagement du chercheur, son rôle dans la création de relations de recherche participatives, éthiques et réciproques (Temple et Moran, 2011; Maiter et al. 2008).
Mots clés :
Recherche-action, Solidarité, Co-construction, Personnes réfugiées et immigrantes
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