L’ENGAGEMENT DES JEUNES EN SITUATION DE MARGINALITE : DES FORMES DE SOLIDARITÉ EN ACTION

Année : 2017

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

GREISSLER Elisabeth (Canada) – elisabeth.greissler@umontreal.ca

Résumé :


Cette communication a pour objet les formes de solidarité des jeunes en situation de marginalité telles qu’elles se révèlent dans leurs engagements et de quelle manière elles sont parfois soutenues par les intervenants d’organismes communautaires. Ce propos s’appuie sur les résultats d’une recherche portant sur les contraintes et les conditions d’émergence de l’engagement des jeunes en situation de marginalité (Greissler, 2013) ainsi que d’une recherche portant sur les actions collectives au sein d’organismes communautaires (Morissette et al., 2015).

Les écrits soulignent avant tout le manque de solidarité des jeunes en mettant en avant le degré de leur apathie ou de leur non-engagement, en particulier chez les jeunes en difficulté (Becquet et Goyette, 2014). Or, contrairement à cette idée, on constate que nombre de jeunes sont exclus d’espaces de participation tels les conseils de villes ou le forum jeunesse (Pammett, 2001) et vivent en fait des situations de « dégagement » (Vulbeau, 2005). Il faut cependant comprendre que les formes d’engagement sont inégalement réparties (Gaudet et Turcotte, 2013). Poussés par une volonté de développer des modes d’expression inédits, d’inscrire leur engagement dans la sphère privée voire de refuser certaines organisations, les jeunes en difficulté, comme d’ailleurs la plupart des jeunes d’aujourd’hui, développent des engagements singuliers (Becquet et Goyette, op.cit.). Non seulement ils ne sont pas condamnés à la relégation sociale, mais leur vécu différencié est un facteur déterminant de leur socialisation (Parazelli, 2002). Certains jeunes utilisent par exemple leur expérience de rue dans des actions de prévention en tant que « pairs aidants » (Bellot, Rivard et Greissler, 2010).

À partir de différents résultats de recherche - issus d’entretiens de groupe avec une centaine de jeunes en difficulté et d’observations participantes dans des organismes communautaires à Montréal (Greissler, op.cit.) ainsi que des entretiens de groupe avec des intervenants des Auberges du cœur, des maisons d’hébergement pour jeunes en difficulté (Morissette et al., op.cit.) - nous mettrons en évidence des éléments se rapportant aux conditions d’émergence de prises de position que nous qualifions « d’alternatives » (Greissler, op.cit.).

Notre objectif sera donc de comprendre les dimensions qui alimentent ces expériences et qui influencent leur dynamique. Nous montrerons comment nombre de jeunes en difficulté choisissent de s’impliquer dans leur environnement direct, à travers des prises de position inscrites dans leur vécu à la marge. Matérialisées dans la quotidienneté, dans les expériences de socialisation, elles traduisent certes une part d’ombre, mais donnent à lire des formes de solidarité entre l'action individuelle et l'action collective, entre l'activité pour soi et l'activité tournée vers autrui.

Cette démarche viendra également nourrir les réflexions actuelles sur les nouvelles formes de solidarité - et d’engagement - dans l’espace social, témoignant en l’occurrence, de la revitalisation des formes d’engagement mutuel. En fait, les formes d’engagement alternatives des jeunes en situation de marginalité nous montrent que la solidarité ne doit pas être entendue dans un sens étroit qui ne concernerait que le rapport entre les institutions publiques et les prestataires ciblés par leurs actions. Au contraire, les nouvelles formes de solidarité renvoient aux liens sociaux et à la notion même de reconnaissance d’une place dans l’espace social (Paugam, 2011).

Finalement, cette communication est également l’occasion de s’intéresser aux contextes d’engagement et au rôle des intervenants ou des adultes, dans des pratiques visant l’autonomie des jeunes (Moriau, 2011) et ainsi, d’interroger l’intervention communautaire dans le soutien offert pour repenser la solidarité à l’endroit des jeunes en difficulté et ainsi, pour proposer une certaine lecture des inégalités sociales.

Mots clés :

Solidarité, Action collective, Intervention sociale et travail social

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