Collaboration entre les acteurs en violence conjugale

Année : 2017

Thème : Le point de vue des intervenants travaillant dans les organismes d’aide aux conjoints ayant des comportements violents

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

BRODEUR Normand (Canada) – normand.brodeur@svs.ulaval.ca
LABARRE Michel (Canada) – mbarre86@hotmail.com
BILODEAU RÉMI (Canada) – dgacdh@videotron.ca

Résumé :

La Politique d’intervention en matière de violence conjugale (Gouvernement du Québec, 1995) reconnait le rôle déterminant des organismes d’aide aux conjoints ayant des comportements violents dans une stratégie globale d’action contre cette forme de violence. Elle définit la violence conjugale comme une manifestation de la violence faite aux femmes dans une société marquée par des rapports inégaux entre les hommes et les femmes. Dans ce contexte, les organismes sont devenus des éléments importants d’une réponse communautaire coordonnée impliquant plusieurs autres acteurs, dont les ressources d’hébergement pour les femmes violentées et le système judiciaire (Shepard et al., 2002).
Depuis l’instauration de la politique, plusieurs changements sont toutefois survenus dans le champ de la violence conjugale. Dans les écrits scientifiques et les milieux de pratique, on a notamment assisté à une polarisation des débats entre ceux qui voient la violence conjugale (VC) comme un geste de contrôle exercé par les hommes contre les femmes et ceux qui voient le problème comme un phénomène pluriel et non genré pouvant affecter autant les hommes que les femmes (Lapierre et Côté, 2014). Ces façons différentes de construire le problème ont parfois crée des tensions entre les organismes œuvrant auprès des victimes et des agresseurs et ont pu nuire à leur collaboration sur le terrain. Les organismes ont par ailleurs assuré leur développement en déployant leurs activités dans des champs connexes à leur domaine d’expertise (Brodeur et al., 2014), ce qui les a amenés à collaborer avec d’autres acteurs sociaux.
Dans ce contexte changeant, une recherche action impliquant des chercheurs de l’Université Laval et à cœur d’homme – Réseau d’aide aux hommes pour une société sans violence a été entreprise afin d’aider le réseau et ses membres à mettre à jour leurs positions par rapport à la violence conjugale. Des entrevues qualitatives individuelles et de groupe ont été réalisées auprès de 25 intervenants et de 18 directeurs d’organismes afin de saisir globalement leur point de vue sur la définition du problème, les victimes et les agresseurs, ainsi que les solutions à préconiser. Les données recueillies sont analysées selon une perspective constructiviste, les chercheurs s’intéressant à la façon dont les répondants créent du sens en interaction avec les autres acteurs sociaux qu’ils côtoient (Loseke, 2003).
Dans le cadre de cette recherche, les répondants ont été questionnés directement sur les collaborations qu’ils établissent avec les intervenants d’autres organismes. Les témoignages recueillis permettent, dans un premier temps, de mieux cerner avec qui les organismes qui viennent en aide aux conjoints ayant des comportements violents collaborent. Ils permettent aussi d’exposer les enjeux que les intervenants et les directeurs perçoivent dans la collaboration. À partir de ces données, les auteurs tenteront de répondre à certaines des questions centrales de ce colloque : quel(s) projet(s) de société animent les intervenants qui travaillent dans les organismes d’aide aux conjoints ayant des comportements violents? Comment cette recherche nous renseigne-t-elle sur l’évolution des solidarités dans le champ de la violence conjugale? Quels enjeux ses résultats révèlent-ils?

Mots clés :

Recherche-action, Solidarité, Intervention sociale et travail social, Violence conjugale

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