La gouvernance de l'intervention sociale face au délitement politique des ghettos urbains 

Année : 2010

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

COURTOIS Laurent (France)

Résumé :

Une recherche sociologique co-réalisée avec Didier Lapeyronnie, a mis en exergue la constitution d'une forme de ghetto urbain dans la société française. Nous avons pu affiner ce processus lors d’une thèse de doctorat en sociologie sur l’étude du processus de ghettoïsation dans une ville moyenne française. Nous avons observé la difficile gouvernance des acteurs de la régulation sociale, principalement générée par l’organisation spécifique du quartier et par le glissement de la régulation vers le contrôle. L’organisation collective y est fondée sur les relations et les jeux d’équilibres entre trois acteurs : les institutions, la néo communauté et le business. Les modes de gouvernance promut par les politiques sociales et les travailleurs sociaux sont mis à mal par des modes de gouvernance, de régulation des rapports sociaux propres au ghetto urbain. Les institutions et la néo communauté produisent des modes de régulation relativement conformes aux règles établies dans la société environnante. Le business créé des règles plus malléables qui se transforment en fonction de ses activités. Les frontières entre ces trois acteurs de « pacification sociale » sont poreuses et mal définies. L’équilibre du quartier émerge du jeu d’interpénétration et des rapports de forces, chacun essayant d’imposer son mode de régulation et de gouvernance. Face à la gouvernance participative initiée par les acteurs de l'intervention sociale se met en place celui de l’émeute et de la gouvernance par la hiérarchie des rôles sociaux dans la vie sociale des quartiers. La multiplication des dispositifs de concertation se confronte à la défiance et à la résignation des habitants. L'injonction paradoxale du secret partagé des politiques de prévention est mise à mal par la loi du silence et le poids de l’inter-connaissance. Dans ce jeu instable, les acteurs développent des stratégies d’accommodations et d’alliances, parfois d’affrontements et de pressions, qui contribuent au maintien de l’équilibre fragile du ghetto. Les représentants politiques et les travailleurs sociaux se sentent démunis face aux « outils de régulation » fonctionnant dans un quartier en voie de ghettoïsation. Le délitement politique progresse fragilisant ceux qui ont pour mission de le renforcer.

Mots clés :

Banlieue, Intervention sociale et travail social, Question sociale

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