De l’incompatibilité entre Solidarité et pratiques professionnelles chez les acteurs de l’animation socioculturelle

Année : 2017

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

LAC MICHEL (France) – lac@univ-tlse2.fr
MIAS Christine (France) – chmias@univ-tlse2.fr

Résumé :

Cette communication rend compte de recherches menées en sciences de l’éducation concernant les rapports professionnels ambigus que les acteurs de l’intervention sociale entretiennent avec la solidarité. Il s’agit ici de questionner la solidarité en direction des populations dites « exclues », et ce du point de vue de l’implication et des représentations sociales et professionnelles des acteurs dont une des missions relève de la prise en charge (ou en compte) de cette population.
En 2015, une étude s’est intéressée à l’implication des acteurs responsables de maisons de jeunes et de la culture (MJC) dans la prise en charge des populations dites « exclues ». Il s’agissait avant tout de définir ce public particulier et de développer des moyens pour favoriser l’animation auprès de ce public, en accord avec les valeurs et les objectifs affichés de cette institution. En 2016, une autre recherche mettait en lumière l’impact des temporalités vécues par ces mêmes professionnels sur leurs capacités réelles ou ressenties à investir de manière permanente et sereine les dimensions axiologiques liées à ces mêmes formes de solidarité.

A partir du cadre théorique de l’implication professionnelle développé par l’équipe REPERE, et notamment C. Mias, ces deux recherches interrogent les « manières d’être et d’agir en contexte professionnel » d’acteurs inscrits dans ce qu’il est d’usage d’appeler l’économie sociale et solidaire et plus précisément dans l’éducation populaire. Sur les bases de deux triangulations théoriques (Implication professionnelle, représentation professionnelle et exclusion pour l’une et implication professionnelle, identité professionnelle et temporalité pour l’autre) et méthodologique (questionnaires et entretiens traités par une analyse lexicale multidimensionnelle) ces deux études visaient avant tout à mettre en lumière les mécanismes d’une identité et activité professionnelle repérée comme, au mieux floue, au pire douloureuse.

31 responsables de MJC ont participé à l’étude sur la prise en charge des populations exclues, et 25 directeurs ou directeurs adjoint d’ ALAE (dispositif périscolaire) à celle portant sur les temporalités .
De manière assez contre intuitive, les résultats concernant les effets des temporalités « perçues » sur les acteurs et notamment sur les dimensions relatives à la question des solidarités, semblent indiquer une forme de paradoxe entre les postures revendiquées et leur mise en pratique. Ainsi, les professionnels les plus « militants » (porteur des valeurs de l’éducation populaires) ne trouveraient l’occasion de mettre en œuvre ces valeurs (dont la solidarité) que très ponctuellement et dans des temporalités dites « compressées » (dans les situations d’urgence). Le long terme (temporalités dilatées) propre aux actions pérennes, serait vécu comme assez univoquement réservé à une action purement « technicienne » ou gestionnaire des organisations dont ils sont responsables. En contre-point, les professionnels revendiquant une posture plus « technicienne » trouveraient à l’occasion de temporalités plus longues, la possibilité de se projeter voire même de construire une réflexion sur questions vécues comme purement axiologiques. Autrement dit, les acteurs les plus concernés a priori, par les questions de solidarité ne trouveraient que rarement l’occasion d’œuvrer en ce sens (d’où un certain « mal être ») quand les moins concernés seraient capable d’intégrer cette dimension dans une pratique plus projective. En écho et à partir des résultats sur l’exclusion et sa prise en charge nous montrerons que les professionnels exprime, concernant la mise en œuvre de solidarités « concrètes » une implication relativement passive. En effet, les tâches (notamment administratives) incombant à leurs fonctions les amènes à reporter dans leur sphère privée les actions en direction d’une population dont ils perçoivent que leur action professionnelle au quotidien est contre productive car renforçant cette exclusion.

Mots clés :

Secteur socio-éducatif, Quête du sens, Animation, Implication professionnelle

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