Résistance en recherche : l’émancipation citoyenne créatrice de solidarité

Année : 2017

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

ROUGERIE Corinne (France) – corirougerie@gmail.com

Résumé :

Résistance en recherche : l’émancipation citoyenne créatrice de solidarité


Je propose d’aborder la question de la mise en œuvre de solidarité au regard de mon expérience de chercheure dans le champ du travail social. A partir de commandes de recherche passées par des institutions professionnelles auprès d’une plateforme de recherche que j’anime pour des instituts de formation en travail social et de santé, je propose d’analyser les mouvements émancipateurs qui paraissent parfois paradoxaux à travers la collaboration de différents acteurs associés dans et par la recherche. L’émancipation est comprise comme un processus de transformation, « la puissance de se donner du jeu dans les jeux de langage » pour s’y mouvoir plus librement (Charbonnier, 2013). Chercheurs, formateurs, étudiants, praticiens de terrain et publics (parents, personnes âgées, etc.) engagés dans des dispositifs de recherche collaboratifs montrent des difficultés à jouer ensemble. Les résultats du processus de recherche en termes de transformation sociale semblent inhérents à la nature des liens entre acteurs qui se créent in situ. La reconnaissance des individus engagés dans la recherche nait de la nature de leurs échanges. Mais plus les liens sociaux se multiplient, plus ils deviennent source de luttes (Paugam, 2009). La recherche collaborative est ainsi comprise comme une démarche de recherche dans laquelle différents acteurs prennent une part active (Bourassa et Boudjaoui, 2012). Elle distingue la place assignée des uns par rapport aux autres dans un temps de recherche circonscrit. Elle peut devenir source de solidarité sous certaines conditions et en fonction de contextes institutionnels qui se complexifient.

En référence à la socioclinique institutionnelle, je m’appuie sur les résistances observées chez ses différents protagonistes impliqués dans ces dispositifs. La dialectisation du concept en trois moments (défensif, offensif et intégratif) sera mise en œuvre pour l’analyse (Monceau, 2009). Ainsi, cette analyse résistancielle (analyse par les résistances) vise à éclairer les nouvelles interférences institutionnelles des relations que chacun des acteurs entretient avec la recherche. Deux expériences menées appuieront cette démonstration. La première s’appuie sur un accompagnement réflexif mené auprès d’une équipe pluriprofessionnelle en EHPAD en vue d’aider des professionnels à communiquer en colloque sur une action qu’ils menaient auprès des personnes âgées en 2016. La seconde fait référence à une recherche collaborative débutée en janvier 2017 portant sur la clinique du partenariat avec des établissements sociaux et médico-sociaux.

Un collectif de recherche composé de professionnels du champ, d’usagers et de chercheurs se mobilise pour saisir et comprendre les modalités de réussite du travail ensemble.
Le « travail ensemble » est-il analogue à la solidarité ? L’analyse résistancielle des implications des pratiques sociales et professionnelles des praticiens et des chercheurs montre des effets émancipateurs.
Toutefois, des variations sont relevées d’un espace à l’autre, d’une institution à l’autre et d’un sujet à l’autre. Les conditions d’un « travail ensemble » empreint de solidarité reposeraient sur une interdépendance organique entre les membres engagés dans la recherche organisés en collectif. Chacun des protagonistes de la recherche doit alors être pourvu de ressources et de droits communs qui constituent « la citoyenneté sociale » (Castel, 2009).













































































































Mots clés :

Utilité sociale, Solidarité de proximité, Transfert des connaissances

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