La collaboration entre chercheurs et intervenants; revoir les méthodologies de recherche afin de documenter les angles morts de l’intervention sociale
Année : 2017
Thème : proposition retravaillée
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
DESLAURIERS Jean-Martin (Canada) – jean-martin.deslauriers@uOttawa.ca
Résumé :
Malgré une posture de collaboration, les chercheurs peuvent susciter différentes réactions chez les intervenants sur le terrain au moment de réaliser des entrevues de recherche. Ces derniers sont notamment susceptibles d’être influencés par le phénomène de désirabilité sociale et peuvent tenter de répondre en fonction de ce qu’ils croient que l’on attend d’eux (Paulhus, 2002). À la lumière des travaux recensés et d’expériences des présentateurs, on constate qu’il est difficile de recueillir des données sur l’expérience intime qu’ont des intervenants de leur travail, notamment auprès de personnes en situation de grande vulnérabilité (Deslauriers, 2014). Il existe un certain malaise, un inconfort à nommer, par exemple, des réticences à travailler auprès de personnes marginales. On observe plutôt une tendance, dans le discours des intervenants, à se coller aux idéaux soutenus par leur profession ou le milieu dans lequel ils oeuvrent (Kelchterman, 2001). Une distance se creuse donc parfois entre la théorie professée et la théorie appliquée (Schön, 1994). Ce faisant, les professionnels ont tendance à éviter de partager, par exemple, leur impatience, leurs difficultés (Chaubet, 2010).
Ces constats mettent en lumière la nécessité d’adapter les méthodologies de recherche au champ d’investigation sur les pratiques des intervenants afin de réfléchir aux écueils rencontrés dans leurs interventions, ainsi que sur les pratiques sociales à développer. Puisque la recherche sur les pratiques auprès de populations jugées «difficiles» est propice au décalage entre le discours et la pratique, il est impératif de documenter les convictions, les observations et les valeurs des intervenants d’une autre façon (Schön, 1994). À ce titre, la méthode de l’incident critique offre des possibilités prometteuses (Leclerc, Bourassa et Filteau, 2010). Des expériences de recherche réalisées auprès de 75 professionnels seront présentées afin de rendre compte de ces enjeux et de suggérer des stratégies qui favorisent l’exploration d’angles morts de l’intervention auprès de professionnels des services sociaux, de façon à construire une collaboration plus solidaire avec les intervenants.
Mots clés :
Recherche-action, Intervention sociale et travail social, Savoir-faire
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