Les réseaux des immigrés subsahariens et les « citoyennetés autrement » :
Année : 2017
Thème : Sociographie des pratiques « communautaires » de l’action sociale de proximité et leurs effets dans les territoires des ‘’Politiques de la Ville’’ en Ile-de-France (France)
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
NSANGOU Issopha (France) – issopha@yahoo.fr
Résumé :
Les réseaux des immigrés subsahariens et les « citoyennetés autrement » :
Sociographie des pratiques « communautaires » de l’action sociale de proximité et leurs effets dans les territoires des ‘’Politiques de la Ville’’ en région parisienne.
A partir des résultats d’une enquête ethnographique de terrain menée dans 6 communes labellisées Politiques de la Ville en Région parisienne, alternant observation participante et entretiens qualitatifs individuels (méthode biographique) et collectifs approfondis auprès d’un échantillon d’acteurs institutionnels et d’une vingtaine d’associations et personnes immigrées originaires du Cameroun, Congo RDC, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Sénégal, le présent article a pour objet l’analyse comparative des pratiques «communautaires » de l’action sociale de proximité des groupes d’immigrés subsahariens comme voie alternative d’accès aux ressources sociales du pays d’accueil (aide à l’insertion sociale et professionnelle, assistance administrative, accès aux droits communs, prestations financières, domiciliation, etc...).
En regard du phénomène dit du Non-recours aux droits et services sociaux et le Renoncement aux soins (Philippe Warin) qui concerneraient une part significative de la population immigrée subsaharienne, l’article interroge les déterminants et modalités de l’accompagnement des immigrés subsahariens par leurs communautés respectives d’affiliation pour l’accès à la citoyenneté sociale du pays d’accueil. Outre le corpus théorique et méthodologique qui emprunte au travaux de l’Ecole de Chicago (community studies), l’interactionnisme symbolique, l’analyse situationnelle et intersectionnelle, les paradigmes de l’acteur stratégique et de la transaction sociale, l’analyse s’inscrit dans le prolongement des débats théoriques entre penseurs libéraux et « communautariens » de la justice sociale et la gestion du pluralisme culturel dans les sociétés démocratiques du Nord : Multiculturalisme, Républicanisme, Libéralisme.
Émergence de nouvelles formes de solidarités au sein des communautés subsahariennes en France ? Recomposition ou rémanence des modes traditionnels de la solidarité collective au sein des communautés ethnoculturelles, religieuses et familiales en contexte migratoire transnational ?
Ces systèmes parallèles de prise en charge individuelle et collective ont pour finalité de pallier les «insuffisances» et/ou « incommodités» de l’offre institutionnelle d’aide et d’action sociales, d’atténuer l’insécurité sociale (Robert Castel) qui en découle d’une part ; d’autre part l’éloignement ou les ruptures progressives d’une proportion des immigrés subsahariens socialement vulnérables avec les institutions sociales locales. Sans s’y substituer complètement, ces systèmes communautaires de solidarité s’emploient aussi à contourner les complexités procédurales et normes « laïques » de l’offre institutionnelle d’aide sociale. Circuit assistanciel public de fait inaccessible à certains ou « contourné » par d’autres soit du fait d’une autonomie assumée, de griefs contre les conditions d’accessibilité aux aides publiques qui entrent frontalement en conflit avec les normes culturelles , comportements et stratégies individuelles et/ou collectives de survie privilégiés par les personnes et groupes concernés.
En plus de l’analyse du processus de ré-articulation complexe des « identités modernes » (Charles Taylor) chez les subsahariens et la place du « moi » collectif, spécifiquement en contexte migratoire, l’article interroge la mobilisation des ressources identitaires dans les stratégies d’intégration sociale (Camilleri) mises en œuvre par les acteurs immigrés, les relations intra et inter-communautaires (Streiff-Fenart) locales et transnationales et les modalités d’ancrage des « faire communautaires » (religieux, ethnoculturels, familiaux) aux politiques locales de la ville et aux dynamiques de l’action sociale locale via le Travail social avec les groupes qui peine, en France, à monter en puissance.
Mots clés :
Solidarité de proximité, Intervention sociale et travail social, Interculturel, Action sociale communautaire - Citoyenneté - Ethnicité - Expérimentation sociale - Multiculturalité - Non-recours aux droits-Travail social avec les groupes - Transaction sociale
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