TSCHOPP Françoise (Suisse) – frtschopp@bluewin.ch
PRATS Viviane (Suisse) – viviane.prats@eesp.ch

Lors de la journée de l’Asfris du 9 novembre 2016, qui portait sur les enjeux et les paradoxes de la relève dans le champ de la formation, de la recherche et du travail social, la question des solidarités et de leurs manifestations, a été un vecteur qui a traversé toute les interventions.

Nous avons constaté une certaine difficulté à définir les solidarités en action. Pour certain.e.s intervenant.e.s, celles-ci doivent être articulées avec la difficulté qu’ont les professionnel.le.s du travail social à contrecarrer, par des prises de positions structurées, le discours dominant de la nouvelle gestion publique (Giauque 2014, Rossini 2016).

Face au retrait des intervenant.e.s sociaux, de l’Agora «ce lieu où l’on peut parler de politique, échanger ses points de vue sur les problèmes et enjeux de la société… » (Gutknecht, 2011) une prise de parole sans limite, banalisée et vulgarisant le rejet de l’autre comme paradigme « naturel » est en émergence. Ce processus s’inscrit dans un discours populiste qui rend acceptable des propos indécents et met à mal les valeurs du travail social. Comme le montrent Keller (2016) et Castel (2009), les nouvelles politiques sociales ne considèrent pas l’altérité dans une visée intégrative et humaniste mais avant tout dans une perspective gestionnaire. Les accords de Dublin et les politiques d’asile sont des exemples manifestes interrogeant les valeurs du travail social lorsque les intervenants sont face à des populations vulnérabilisées par les contextes socio-politiques actuels .
Comment rendre alors possible «la mise en visibilité organisée et systématique en direction de la société civile qui doit permettre une meilleure information au sein de la population concernant le travail social ainsi qu’au développement de réflexions autour de thèmes qui lui sont liés mais aussi se rapportant à la société dans son ensemble…évitant ainsi une mise en perspective unique ou réductrice » Gutknecht 2011, p.81?

Dans ce climat qui interroge frontalement la manière d’agir les solidarités, comment articuler relève et vision émancipatrice des bénéficiaires ? Comment assurer le respect des droits des bénéficiaires au delà de leur instrumentalisation par les pouvoirs publics ? Quelles sont les influences des politiques d’activation sur les pratiques sociales et les interactions avec les bénéficiaires ? Comment éviter une
focalisation sur les seules ressources individuelles et promouvoir une évolution des dispositifs institutionnels et politiques propices à la fois aux principes d’autodétermination et de solidarité ?
Quelles peuvent être les formes d’engagement des différents acteurs du travail social (formation, recherche et intervention) dans la société civile ? Comment favoriser, face à l’évolution des métiers, les réflexions et actes de co-construction communs entre ces acteurs ?

Ces questions vont nous permettre de débattre des possibilités de mettre en œuvre des solidarités expressives, au cours desquelles les personnes engagées dans l’action sociale et la société civile contribuent ensemble démocratiquement au développement d’une citoyenneté émancipatrice.

Dans le cadre du forum proposé par l’Asfris, ces questionnements et ces axes de réflexions seront illustrés au travers d’exemples concrets, de mises en scène et d’articles de presse, qui fourniront le matériau de base sur lequel s’appuieront les échanges avec les participant.e.s.

Acteurs, Solidarité, Société civile