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Faire équipe dans la relation d’aide ou comment être solidaires entre acteurs différents mais concernés

Année : 2017

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

PORTAL Brigitte (France) – portalbrigitte@gmail.com

Résumé :

A partir des expérience de 3 acteurs directement concernés, nous verrons comment la relation d'aide peut être appréhendée en tant que forme de solidarité entre deux personnes qui s'accompagnent mutuellement et partagent un intérêt commun.

« J'attendais systématiquement que les intervenants se mettent en mouvement sans jamais me saisir des propositions, je pensais légitime que l'on fasse à ma place, comme j'avais pu le faire auparavant pour d'autres ». Arnaud Portron (isolé, père de 4 enfants, « placé en institution et confié au conseil général lorsque j’avais 12 ans, je suis issu de la rue et depuis une dizaine d’année épaulé par les services sociaux ».)

« Nous avons longuement échangé sur la philosophie de l’accompagnement et le rôle du travailleur social : amener la personne à mesurer ses propres compétences, à développer ses capacités, à trouver ses propres solutions qui lui conviennent et à être son propre expert. » Séverine Durin-Haller (assistante sociale qui est intervenue auprès d’Arnaud).

« A l’image de la navigation, l’accompagnement s’appuie sur les forces des deux protagonistes s’inscrivant dans un travail d’équipe. » Monique Digeon (chargée d’insertion).


En France, le Haut conseil en travail social (HCTS) a mis l’accent depuis plusieurs années sur la nécessaire alliance entre les travailleurs sociaux et les personnes accompagnées : « La cohérence ne reste possible que si chacun joue son rôle dans un rapport d’échanges où les identités de l’un et de l’autre peuvent se reconnaître et constituer une complémentarité utile . »
En 2016, il prône un travail social en résonance pour « refonder le rapport aux personnes accompagnées » . Il s’agit bien d’aller au-delà d’une relation basée sur le concept d’alliance entre le travailleur social et l’usager. « Il ne s’agit pas seulement d’écouter les personnes mais d’entrer en résonance avec elles afin de leur permettre d’inventer leurs propres solutions pour s’en sortir ».

Nous insisterons sur la pertinence de s’appuyer tout au long du processus de la relation d’aide sur une démarche de négociation entre les acteurs (négociation du problème et des solutions, élaboration d’une stratégie qui peut amener vers ces solutions).
Cette façon d’envisager l’accompagnement nous oblige en tant qu’intervenant à une vigilance particulière afin de négocier en permanence avec la personne concernée toutes les étapes du processus de résolution de problème ou de démarche de changement. Nous entendons cet « art du possible » comme l’exercice d’un talent particulier et délicat de l’aidant qui permet à la personne accompagnée de franchir l’obstacle par elle-même et d’en retirer le mérite. Dans ce sens, il contribue au processus d’autonomisation de la personne qui va exercer un contrôle plus grand sur ce qui est important pour elle.
L’intervenant lutte moins contre quelque chose qu’il ne s’allie aux personnes. « Instaurer des pratiques d’alliance avec les populations pauvres, c’est vouloir qu’elles deviennent partenaires de l’action sociale » .

Négociation et stratégie apparaissent comme deux appuis incontournables de la relation d’aide, de la résolution de problème mais aussi de l’accompagnement au changement.
Avec la négociation, l’intervenant change de posture. Il va s’agir pour lui de « soutenir », « faciliter », « contribuer », plutôt que de « donner » et « d’informer » « (Le Bossé, 2011).
Il devient expert en négociation et en « interactionnisme stratégique au service des personnes accompagnées.

Nous verrons dans une expérience relatée par une Chargés d’insertion qui accompagne des personnes rencontrant des difficultés d’insertion socio-professionnelle comment la co-construction dans la créativité est source de motivation et révèle les capacités et les forces de chacun dans la relation d’aide.
Dans une autre expérience co-écrite par Séverine et Arnaud, nous mettrons en évidence l’intérêt d’un accompagnement qui s’appuie sur une approche stratégique basée sur la négociation.



Mots clés :

Secteur social, Acteurs, Co-construction, Négociation Stratégie

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