Jeunes réfugiés et familles d'accueil : Une rencontre (in)attendue.
Année : 2017
Thème : Processus de co-construction d'un modèle d'accueil à travers des rencontres individuelles et collectives rassemblant des jeunes exilés et des familles.
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
MENGEOT Martine (Belgique) – mmengeot@he2b.be
FRESON DIMITRI (Belgique) – collectifumoya@hotmail.com
Résumé :
L’équipe du Collectif Umoya regroupe un ensemble de huit travailleurs psychosociaux. Via nos activités professionnelles respectives, nous sommes tous en contact quotidien avec un public d'enfants, d'adolescents, et d'adultes en rupture de contexte social, familial, culturel, économique.
En 2016, le Collectif Umoya a mis en place un projet ayant pour objectif de mettre en lien des membres de la société civile belge avec des jeunes réfugiés. Cette expérience s’est dessinée au regard des mutations observées dans l’accueil et l’accompagnement proposé aux primo-arrivants en Belgique.
La violence et la multiplicité des conflits jetant sur les routes de l’exil une population de plus en plus nombreuse et plus jeune ont coïncidé avec le raidissement des solidarités, la fermeture des frontières et le détournement des regards face aux atrocités vécues par des hommes, des femmes et de très nombreux enfants.
Face à ce constat, nous avons joué le rôle de facilitateur de liens par le partage, l’échange et l’intérêt de l’autre, afin de permettre un accueil à une population fragilisée.
Ce projet est destiné aux enfants exilés communément appelés en Belgique, mineurs étrangers non accompagnés (MENA), les ex-MENA, à savoir des jeunes adultes arrivés seuls en Belgique, ainsi qu’à la société civile belge.
Nous entendons par MENA, les enfants et adolescents demandeurs d’asile fuyant un contexte de violence et/ou de misère qui arrivent en Belgique épuisés moralement et physiquement. En rupture de liens culturels, ces jeunes souffrent de déracinement. Ces jeunes portent en eux un énorme potentiel de vie et cherchent plus fondamentalement à sortir de leur souffrance et de leur isolement. Concernant les ex-MENA, il s’agit de jeunes de 18 à 25 ans reconnus réfugiés.
La plupart de ces jeunes sont originaires d’Afrique Centrale, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Syrie, Irak, Afghanistan,…).
Ce groupe particulièrement vulnérable, exposé également à l’isolement, à la discrimination sociale et culturelle, se retrouve en grande difficulté psychosociale. La majorité de ces jeunes ne s’inscrit actuellement dans aucun réseau social.
Après avoir rencontré individuellement les jeunes et les familles, nous avons organisé quatre séances d'information à l'attention des jeunes ainsi qu’auprès des familles intéressées par le projet. A ce stade, ces rencontres ne signifiaient pour eux aucune forme d'engagement, et se voulaient un espace pour répondre aux questionnements de chacun. Ces rencontres auront permis de débroussailler de nombreuses interrogations et certaines représentations, idées reçues des uns vis-à-vis des autres.
La véritable rencontre entre les deux publics s’est déroulée lors d’un séjour résidentiel rassemblant les jeunes réfugiés et les familles accompagnées de leurs enfants. Quatre jours de vie communautaire d’une extrême intensité. La rencontre, pourtant (in)attendue au départ, mais attendue par chacun, a agi comme un véritable révélateur pour les participants. A cet égard, les enfants auront été un modèle de solidarité et d’empathie naturelle dans la rencontre tant vis-à-vis des jeunes que des adultes.
Sept familles s’étaient engagées au début de l’année dans un processus de réflexion, pouvant mener éventuellement à l’accueil et l’accompagnement des jeunes. A l’issue du projet, les sept familles sont bien présentes pour poursuivre l’expérience. Le projet aura permis de vérifier et de compléter un modèle d’échange et de co-construction garantissant l’engagement de chacun dans la continuité du projet.
La fonction ‘contenante’ des professionnels, présente lors de tout le processus et appelée par les jeunes et les familles à se poursuivre, aura suscité l’émergence de réseaux de solidarité multiplicateurs.
Toute cette expérience est sauvegardée par le travail d’une réalisatrice qui nous a accompagné durant tout le processus, nous permettant un témoignage filmique et une diffusion plus large de cette expérience solidaire.
Mots clés :
Action collective, Co-construction, Solidarité de proximité
← Retour à la liste des articles