Rôle et place des solidarités dans l'expérience du non-recours au dispositifs d’hébergement par les personnes sans domicile
Année : 2017
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
PETIAU Anne (France) – anne.petiau@buc-ressources.org
Résumé :
Il existe différentes manières de vivre l’expérience d’être sans domicile. Tandis que certains recourent aux dispositifs d’hébergement, d’autres cherchent à éviter les « foyers » (centres d’hébergement d’urgence, centres d’hébergement et de réinsertion sociale, etc.), en recourant pour certains à d’autres types de ressources et de solidarités. On s’intéresse ici à la manière dont des personnes peuvent, ou non, élaborer des solidarités en dehors de l’aide sociale, afin de pallier le problème de l’absence de logement.
Cette communication s’appuie sur deux expériences de recherche-action menées en collaboration avec des associations. (Petiau, Pourtau 2014 ; Petiau 2015). Dans les deux cas on fait le constat d’une réticence des personnes sans domicile à se rendre dans les structures d’hébergement, qu’on peut rattacher à des conduites de « non-recours » aux droits sociaux (Warin, 2010). Cependant, ces réticences prennent des sens très différents pour les personnes dans les deux expériences de recherche. Elles s’inscrivent dans des contextes variés, et le contexte associatif est lui-même très différent. Dans le premier cas, les personnes concernées sont des squatteurs. Ils parviennent à éviter de se rendre dans les foyers en occupant des lieux laissés vides par des propriétaires ou des institutions, mais aussi en développant des liens de solidarité et d’interdépendance. Ils développent des formes d’entraide, de soutien et de débrouille, ce qui leur permet de revendiquer une certaine autonomie. Cependant, même s’ils sont attirés par le communautaire, le modèle n’est plus celui de la communauté des années soixante et soixante-dix, et une grande importance est accordée à la liberté individuelle. Dans la seconde expérience de recherche-action, il s’agit de personnes âgées et/ou avec de longs parcours de rue. Certains d’entre eux refusent également de recourir aux foyers. Cependant, leur refus du projet d’accompagnement de l’association s’accompagne de l’expression de difficultés à aller vers autrui et développer des relations de réserves par rapport au groupe, et plus largement d’une faiblesse de la volonté que l’on peut rattacher à l’ « épuisement capacitaire » (Brevilgieri, 2009) que peut produire l’expérience de la vie dans la rue.
Nous interrogerons dans cette communication le rôle des solidarités dans l’expérience d’être sans domicile, en les abordant notamment comme des ressources, concrètes et symboliques, pour les personnes. Nous
réfléchirons également aux accompagnements sociaux. Si dans les deux cas il s’agit d’interventions associatives, celles-ci sont plus ou moins tournées vers l’action collective, la reconnaissance des solidarités existantes et leur soutien, dans un secteur professionnel (celui de l’urgence sociale) où domine l’accompagnement social individuel (Cefaï, Gardella, 2011).
Mots clés :
Solidarité, Urgence sociale, Action alternative, Action de groupe
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